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Libération

La culture doit-elle sortir dans la rue ?

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Débat animé par Michel Orier
par
publié le 14 juin 2008 à 3h53

Sophie Duez

Actrice française

La culture : âme de la ville, arme de la vie. L'enfant apprend à lire et la rue devient le champ d'expérimentation de cette connaissance, les signes d'écriture lui parlent, il les fait sonner à voix haute, ils résonnent, il raisonne, il lit et se relie au réseau des rues. Avec cette entrée dans la conscience culturelle collective s'éclaircit le mystère que ses parents lui montraient du doigt sur des livres imagés dès ses premiers mois. La rue terrain de jeu, de croisements, de circulation. On finit par les «emprunter», par y «descendre», on y travaille, on attend le bus, on fait les vitrines, on promène son chien, on passe son chemin, c'est un terrain du «je fais», du «j'ai à faire», du «je fais des affaires» ou du «y'a rien à faire». Dans les musées, théâtres, opéras. je redécouvre ce plaisir de saisir le sens, de me sentir saisi par les sens, et les mystères que je touche du moi réaffirment mon existence. Je m'extrais de la rue pour m'exprimer et rencontrer l'autre. Et les portes qui donnent accès aux lieux de culture officielle deviennent trop lourdes à pousser même quand l'entrée est «libre». Il est vital pour une société que ses artères laissent un champ d'action et d'être au corps social et lui permettent d'y cultiver ses territoires intimes. La rue est le lieu de diffusion, de transmission, de transfusion culturelle par excellence.

Gérard Perreau

Premier adjoint au maire de Nanterre

Il y a concordance entre liberté d'expression des créateurs e