David Combe
Rédacteur en chef de Tracks sur Arte
Tracks ? Un super-générique. Mais aussi : une armada d'invisibles et de légendes, de stars et de va-nu-pieds. Des vieux pirates, immatures, crevards et des gloires locales, casse-cou, grands timides ou perdants. Culture en vrac, pas dépolie et suintante, qui prend la tangente et enfonce les portes pour les autres. C'est la télé sans annonceur, explorant les terrae incognitae avant que les marchands y installent leurs comptoirs. La culture est la télé. C'est elle qui impose le buzz. Elle fait monter les cotes et emballe le rien. C'est tellement confortable de se vautrer dans ses certitudes. La culture, c'est comme le sauté de veau : une belle promesse qui peut foirer. Alibi, elle échoue sur la table basse du salon, pour briller en société. Mais depuis quand l'artiste sert-il de papier peint ? A Tracks, depuis onze ans, on attaque les tables basses au burin. Dans un shack de Soweto, un camion de teufeur ou une cave à Paris ou à Berlin, on joue, on filme et on écrit loin des coups de vent. Ceux-là imposent le mouvement. Armstrong dans son claque de la Nouvelle-Orléans, Duchamp à Paris, Iggy et son lipstick à Detroit : aujourd'hui, dans les chaînes, on leur donnerait du «trop pointu». Et dans Tracks, on montrerait le bidet de Dada cinquante ans avant la curée chez Christie's.
Guillaume Durand
Animateur à France 2
L'éternel mépris à l'égard de la télévision est une méprise. Elle peut produire et