Olivier Iteanu
Avocat à la cour d'appel de Paris
Fin 2007, un sondage révélait que 47 % des Américains saisissent régulièrement leur nom sur Google pour contrôler les informations qui les concernent. Les internautes exercent ainsi une sorte de contrôle d'identité en ligne, qui fait de Google un gigantesque fichier de police. Certains moteurs de recherche ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, voyant dans cet usage la naissance d'un marché prometteur. En août, le moteur Spock annonçait son lancement sur le marché de la recherche d'individus. En saisissant nom, prénom, date de naissance, sexe, on peut disposer d'une image, et même de quelques autres noms de l'entourage de la personne. Aux origines de la loi Informatique et Libertés de 1978 se trouvait la crainte d'un système automatisé capable de mettre «en fiche tous les Français». L'inquiétude concernait un système d'information administratif prévu pour interconnecter de nombreux fichiers publics, dont ceux des renseignements généraux et de la police judiciaire. N'est-on pas arrivé là où l'on redoutait d'aller ?
Bruno Patino
Président du Monde Interactif et de Télérama
L'un des charmes de la paranoïa réside dans son potentiel illimité. Le héros du Procès de Kafka a peu à voir avec le personnage de 1984 de George Orwell. Le premier découvre qu'une organisation bureaucratique détient un dossier d'informations sur lui sans qu'il puisse savoir ce qu'il contient ; le second, traqué par Big Brother, déplore de ne pouvoir gar