Robert Cantarella
Metteur en scène et réalisateur
L'art est public quand les outils de sa diffusion sont entretenus : théâtres, maisons de la culture, musées, salles de concerts, cinémas, galeries, opéras. L'art a été populaire grâce aux relais militants. L'oeuvre pouvait changer la compréhension du monde ; elle était une prise pour mieux vivre à plusieurs. Les moyens de transports étaient pensés comme collectifs et le transport de l'art n'y coupait pas. L'art était élitaire pour tous. Lorsque s'émiettait le militantisme des passeurs et que d'autres champs de consommation mettaient en avant la qualité avant la quantité, la stratégie de persuasion commerciale s'adressait au client. Plus tard, les médias deviennent les énergies de la tension entre le désir et sa satisfaction. Les friches artistiques et les festivals apparaissent comme les lieux des découvertes qui promettent de la jeunesse avant tout, à l'égal de ce que le reste des réclames de l'époque vante. Ces outils accompagnent la société. En France, nous avons la chance d'avoir à disposition toute la chaîne encore active et efficace des modes d'entretien et de partage de l'art. C'est cela qui est en péril. En démantelant pièce à pièce les machines de travail pour les artistes et les publics, les premiers iront se fait acheter par une nouvelle génération de collectionneurs pour survivre et les seconds iront se faire représenter ailleurs comme des gobeurs de divertissements calculés.
Philippe Foulquié
Directeur de Système fri