Eric Macé
Sociologue, Centre d'analyse et d'intervention sociologiques (EHESS - CNRS)
Longtemps dominant, le paradigme de la «démocratisation de la culture» avait pour principales limites une définition de la culture réduite aux canons de la culture «légitime», à laquelle devait avoir accès le plus grand nombre. Ce paradigme est en voie d'épuisement. Non seulement les publics des établissements culturels restent les mêmes, mais c'est la notion même de «culture légitime» qui est débordée par la prolifération des formes de création culturelle. C'est pour tenter de prendre en compte ces déplacements que la notion de «médiacultures» est proposée. Par l'extension du domaine de l'art à l'ensemble des objets culturels et de leurs amateurs ou en rompant avec une approche critique surplombante au bénéfice d'une socio-anthropologie compréhensive de la culture de masse. La question stratégique des «politiques culturelles» devient alors celle de participer à ces nouvelles formes de coproduction des oeuvres, de la critique et des publics tels qu'elles se manifestent sur les scènes d'Internet et dans les pratiques (média)culturelles.
Catherine Malabou
Professeur de philosophie à l'université Paris-X-Nanterre
Interroger la possibilité d'une critique numérique revient à prendre acte du déplacement considérable que connaît aujourd'hui, avec les «médiacultures», le concept traditionnel de critique. La pratique des blogs, des pages personnelles, du Web 2.0 en général témoignent de ce que l'internau