François Le Pillouër
Président du Syndeac
Derrière le titre insidieux, «Où vont les subventions ?», bien représentatif du nouveau regard de certains médias sur l'art et la culture, se cache une curiosité légitime autant qu'une volonté évaluatrice suspecte.
Je distinguerai deux types de subventions : les réelles et les imaginaires. J'analyserai la répartition des premières. Nous verrons qu'elles sont attribuées majoritairement aux arts archaïques, aux projets historiques et aux institutions. Elles profitent alors à l'Etat, qui en reprend une partie sous forme de taxes, aux banques par les agios. Les artistes-interprètes n'en touchent qu'une petite partie ; ils sont les grands perdants des années de misère. Géographiquement, la répartition est injuste aussi : les subventions sont données d'abord à la capitale, puis aux capitales régionales. Je pense résumer mon propos en disant que, malheureusement, «il pleut là où l'herbe pousse».
La crainte maintenant est celle du désengagement de l'Etat. La donation à la recherche, au processus autant qu'à l'oeuvre, pourrait être remplacée, si l'Etat et les collectivités locales n'y prennent garde, par une prime à la visibilité, une sorte d'avant-garde du mécénat, un chemin sans garde-fou moral ou politique. Je terminerai en analysant les subventions imaginaires, celles que nous aurions pu ou dû recevoir et à qui et à quoi elles auraient été utiles. Une manière de ramener la comptabilité à l'utopie, une question de fermeté.
Maryvonne de Saint-