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Libération

Quel accueil pour la folie ?

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Débat animé par Eric Favereau
par
publié le 14 juin 2008 à 3h52

Patrick Chemla

Psychiatre et psychanalyste

Si nous avons à répondre, en tant que thérapeutes, d'une telle question, nous ne saurions en être les seuls dépositaires. Cet enjeu concerne la culture (au sens freudien) et suppose un « travail de la culture» qui traverse les institutions et ne saurait se réduire à une réponse technique. C'est ainsi que les créateurs et les artistes précédent souvent les psychanalystes. Le mouvement surréaliste, qui introduisit la psychanalyse en France, fut à l'avant-garde de cette position en menant une critique très précoce de l'enfermement. Notre période dite postmoderne se situe dans l'après-coup des utopies libertaires de 68 et de l'illusion d'en finir avec la folie en fermant les asiles. Cette utopie a vite été pervertie par l'Etat, qui s'est contenté de mettre les malades à la rue, tout en créant de nouveaux paradigmes simplistes. La folie se voit réduite à un simple trouble biologique ou comportemental, dont la solution serait en passe d'être trouvée par les neurosciences et la génétique. Nos pratiques ne peuvent s'inscrire qu'à contre-courant de ce réductionnisme ambiant. Au-delà de la résistance nécessaire à cette imposture, il y a à faire valoir l'irréductible de la folie, sa part créatrice en chacun de nous, avec laquelle il s'agit de faire oeuvre.

Paul Machto

Psychiatre et psychanalyste

Le film de Sandrine Bonnaire, Elle s'appelle Sabine, a permis l'irruption d'un débat salutaire sur les pratiques psychiatriques et les conditions d