Henri Guaino Conseiller spécial de Nicolas Sarkozy
Bien sûr qu'il y a une transcendance républicaine. Dans la conception française de la République, qui n'est pas qu'un système institutionnel mais aussi un système de valeurs, il y a une part de sacré. La République place tellement haut la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité, la vertu républicaine, le patriotisme ou la foi dans le progrès qu'elle leur confère une forme de transcendance. Il peut même y avoir au service de cette transcendance une forme de mystique républicaine comme celle de Péguy ou celle des hussards noirs de la République qui étaient animés par une véritable foi et qui vivaient leur métier d'instituteur comme une mission évangélisatrice.
Cette transcendance laïque n'exclut aucunement la transcendance religieuse. Elle ne lui fait pas non plus concurrence. On peut être sensible à la mystique républicaine et croire en Dieu comme Péguy. Comme on peut être un grand scientifique qui a foi dans la raison et être profondément croyant d'un point de vue religieux à l'exemple d'un Pascal ou d'un Einstein. Ce qui est au fond parfaitement logique parce que la transcendance c'est ce qui évacue le sacré de la nature pour le placer au-delà, laissant le champ libre à l'exploration scientifique, au libre exercice de la raison et à l'aventure prométhéenne de l'Homme.
On ne comprend l'importance de la transcendance, celle de la religion monothéiste comme celle de l'Idée platonicienne, qu'en l'opposant à l'immanence. La t