Kevin Bales est la preuve vivante que l'on peut être, tout à la fois, un chercheur reconnu pour son sérieux et un activiste efficace. Le président de Free the Slaves, la principale ONG de lutte contre l'esclavage dans le monde, est aussi professeur de sociologie à l'université Roehampton de Londres.
Son ouvrage, Disposable People : New Slavery in the Global Economy (University of California Press, 2005) fait autorité sur l'esclavage moderne. Il étudie en profondeur cinq cas de systèmes esclavagistes contemporains : la prostitution en Thaïlande, le commerce de l'eau en Mauritanie, les mines de charbon au Brésil, l'agriculture en Inde et la fabrication de briques au Pakistan. En 2006, l'association des universités britanniques a classé ses travaux parmi les «100 plus importantes découvertes des 50 dernières années».
Mais Kevin Bales ne s'est pas contenté d'étudier le phénomène. Il le combat. Consultant pour le programme global des Nations unies sur le trafic d'êtres humains, il a aussi conseillé les gouvernements britannique, américain, irlandais, norvégien et népalais. Il a été consulté par la Cedeao, l'instance régionale ouest-africaine, et l'industrie chocolatière qui ont entrepris ces dernières années de lutter contre le trafic d'enfants, très intense dans la filière cacao. Aux Etats-Unis, son pays d'origine, il s'est attaqué au travail forcé. Son association fait un travail de lobbying auprès des dirigeants politiques. Mais elle agit aussi à la base en aidant