De notre envoyé spécial à Shivpuri (Madhya Pradesh , Inde)
Pendant plus de vingt ans, Manna a travaillé sans salaire. Originaire d'un village du centre de l'Inde, ce paysan sans terre avait un jour dû emprunter 20 000 roupies (environ 300 euros) pour organiser le mariage de ses filles. Sans accès au système bancaire, il n'a eu d'autre choix que de contracter cette dette auprès d'un notable de son village. En échange, il devait rembourser en nature, en travaillant la terre de l'usurier. Analphabète, Manna ne pouvait cependant pas vérifier les comptes, qui ne lui étaient de toute façon pas communiqués. Sans scrupules, «l'employeur» ajoutait aussi à la dette la nourriture qu'il fournissait au pauvre homme, privé de tout autre moyen de subsistance. «Quand je demandais combien il restait à payer, il me répondait que je n'avais remboursé que les intérêts», explique le vieil homme. Je travaillais du lever à la tombée du jour, et si je protestais, il m'insultait, me battait parfois. Quand un membre de ma famille tombait malade, il me donnait 100 ou 200 roupies pour payer les soins, mais à part ça, je n'ai jamais touché un centime.» Sa femme travaillait, elle aussi, comme main-d'oeuvre agricole, payée 30 roupies la journée. «Pas assez pour faire vivre toute une famille», affirme-t-elle tout en préparant le repas dans la cour de la maisonnette en terre.
Ses fils contre un prêt
A 11 ans, le fils aîné, Rajaram, dut donc se rendre à son tour aux champs pour renfl