Menu
Libération
Éditorial

Festival d'Aix

Article réservé aux abonnés
publié le 27 juin 2008 à 4h04

Le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence fête sa soixantième édition. Et choisit d'ouvrir les festivités avec un spectacle engagé où chante un choeur d'amateurs, en lien direct avec un colloque de deux jours à l'intitulé militant : «Pour en finir avec l'esclavage». Les organisateurs sont-ils tombés sur la tête ? Certains puristes du bel canto le penseront sans doute. En fait, depuis plusieurs années, le festival d'Aix tente de casser son image ultra-élitiste à coups de répétitions ouvertes et gratuites, de concerts à prix réduits, de masterclasses réservées aux jeunes musiciens ou d'invitations lancées à des artistes inattendus, tel le cinéaste iranien Abbas Kiarostami. Dans ce contexte, le projet de Peter Sellars prend tout son sens. Exhumant Zaïde, oeuvre méconnue de Mozart dont les héros sont des esclaves en fuite, le metteur en scène américain prétend en faire un manifeste contre l'esclavage moderne, en lien direct avec la réalité (travailleurs clandestins, sans papiers, etc.). Pour aller au bout de sa démarche, il a répété dans un quartier périphérique d'Aix, avec des personnes directement concernées. On peut toujours ironiser sur la bonne conscience que s'offrirait à peu de frais le festival et sur la naïveté du projet. C'est méconnaître l'acuité dramaturgique de Sellars, son talent diabolique pour faire résonner les oeuvres. Et aussi, comme il le dit, pour «interpeller les puissants» qui forment une bonne part du public traditionnel