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Libération

Nourrie, logée, battue

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Elles viennent en France pour poursuivre des études ou pour des vacances. Tombées aux mains de «familles d'accueil» qui les exploitent, ces jeunes filles souffrent des années avant d'oser se confier.
publié le 27 juin 2008 à 4h03

«Je suis arrivée en France à 17 ans. Une amie de la famille avait proposé de me payer les billets. Je devais suivre des études.» Comme pour beaucoup d'esclaves domestiques, l'histoire de Salima Sy (1) commence par la promesse d'un conte de fées. Une trop belle opportunité. «En arrivant, j'étais très impressionnée. Il faisait un peu frais. C'était tellement différent de Dakar.»

Fin du conte de fées

Aujourd'hui, elle a 29 ans et travaille comme vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter. Les contes de fées sont loin. Entre-temps, elle a vécu cinq ans dans un appartement de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Asservie. Rapidement, il n'a plus été question de suivre des études. Passeport, visa et titres de séjour confisqués, la jeune fille doit aller chercher les enfants de l'«amie de la famille» à l'école, les nourrir et faire «la boniche». Salima Sy subit menaces et brimades, perd la notion du temps, devient une ombre qui fuit les questions des voisins, passe la majorité de son temps enfermée.

Il faudra cinq ans pour qu'une assistante sociale, amie de son frère, vienne la chercher et la confie au CCEM (Comité contre l'esclavage moderne). Viennent ensuite les procédures judiciaires et l'accompagnement. Salima Sy a la chance d'être placée dans une famille d'accueil. «Ils on été très gentils avec moi.» Heureusement, car au début, Salima Sy est complètement déconnectée. «C'était très difficile», confie-t-elle. Elle reste évasive sur la manière