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Libération
Interview

Une musique qui sème des graines de libération»

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Peter Sellars donne une fois de plus une portée actuelle à uneoeuvre classique. Samise en scène de «Zaïde», deMozart, dénonce l’esclavage moderne.
publié le 27 juin 2008 à 4h04

Metteur en scène de théâtre et d'opéra, Peter Sellars, 51 ans, chargé de cours à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), reste un enfant terrible, artisan d'un théâtre politique qui replonge les classiques dans le monde d'aujourd'hui. Vingt ans après avoir transposé Don Giovanni dans Harlem, il exhume Zaïde, opéra méconnu et inachevé de Mozart, et le transforme en brûlot contre l'esclavage moderne.

Vous connaissiez Zaïde ?

Pas du tout. C'est le grand romancier nigérian Ben Okri, l'auteur de la Route affamée, qui me l'a fait découvrir. J'étais à Vienne en 2006, on m'avait demandé de préparer le 250e anniversaire de Mozart. Et j'avais annoncé que je ne voulais pas programmer du Mozart mais demander à des artistes du monde entier des oeuvres en écho à la Flûte enchantée, à la Clémence de Titus et au Requiem. Parce que ce sont les trois dernières et qu'elles renvoient à des préoccupations qui nous concernent tous. La traversée des épreuves dans la Flûteenchantée. La réponse au terrorisme dans la Clémence de Titus. Et les victimes d'aujourd'hui à travers le Requiem. Génocides, disparitions, familles, massacres, explosion de la pauvreté : notre génération est celle de la mort massive. Dans cette perspective, je suis allé à Londres voir Ben Okri pour lui demander d'écrire un livret pour une nouvelle Flûte enchantée. Et il m'a dit, comme un défi : «Donc tu veux que je parle des sans-abri, d