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Interview

Tout récit part du noir, d'un vide»

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Joël Pommerat crée à Avignon la seconde partie de son diptyque «Je tremble». Une pièce qui brouille la perception du spectateur jusqu'à provoquer le trouble.
publié le 4 juillet 2008 à 4h10

Invité au festival d'Avignon pour la deuxième fois, Joël Pommerat y crée la deuxième partie d'un diptyque, initié cet hiver au théâtre des Bouffes du Nord et intitulé Je Tremble, dont il signe le texte et la mise en scène. On y retrouve ces mêmes extraordinaires acteurs avec lesquels il travaille, pour certains, depuis plus de quinze ans, ainsi que son goût du noir.

Pourquoi cette forte attirance pour les ténèbres ?

Pour moi, tout récit part du noir, qui est comme un vide. De la même façon, j'essaie de partir du silence pour créer la parole. Bien sûr, ce vide n'est pas neutre. Il est chargé d'angoisse. Et j'en joue. François Flahault, un philosophe dont le travail me nourrit pour la création de Je tremble, trouve que mon travail est sombre, sans doute trop à son goût : des ténèbres pas très sympathiques et trop romantiques. Pour lui, la lumière permet de distinguer les choses et les êtres, de tisser un monde habité ; l'obscurité au contraire ronge les traits, s'en prend aux limites du corps, nous ramène à l'aube de notre vie, quand il y avait indistinction de notre âme et «indéfinition» des limites de notre corps. C'est un peu de cette expérience-là que j'aime reproduire sur scène.

Les ténèbres, dans votre approche théâtrale, renvoient aussi au secret, au trouble ?

Le trouble provient de cette indétermination au niveau de la lumière et des corps, mais également au plan de la fable, de la compréhension des choses et des agissements des personnages. On trouve nombre