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Libération
Critique

Hélène Bruller est une vraie salope

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publié le 6 août 2008 à 4h32

Hélène Bruller Vent des savanes, 64 pp., 13,90 euros.

On voulait d'abord chroniquer, chez le même éditeur, la Femme, leçon de choses, de Rosse, Sillantaus et Cylling. Un manuel sur l'éternel féminin vu par les mecs : «Le règlement intérieur du couple est rédigé par la femme [.]. L'homme doit comprendre qu'en tant qu'employé du couple, il ne peut user du même droit.» Mais comme on s'était reconnu dans le portrait de la femme, on avait décidé, vexé, que c'était misogyne. On se tourna donc vers Hélène Bruller est une vraie salope. Là, stupeur : on se reconnut dans le portrait de l'homme. On en déduisit qu'on était un escargot. En plus d'une vraie salope, Bruller est une vraie inventrice de visages à la con. En racontant son largage et sa déprime, elle se peint perplexe, anxieuse, blessée, folle furieuse, à coups de dysmorphies rigolotes. Dénué de tics à la mode, son trait volontiers malhabile affiche son originalité, avec une tendance prononcée à tire-bouchonner les nez comme des filaments d'ampoule. Tous les mecs un peu cons et un peu moches, mais pas trop, apprendront ici leur destin de «poisson», qu'on drague pour se consoler (le plus drôle étant «le poisson couillu [.] persuadé que c'est lui qui tient la canne à pêche»). Mais finalement, la plus salope n'est pas tant Hélène Bruller que le personnage de sa mère, qui, comme toutes les mères, prétend s'inquiéter pour vous et s'inquiète en réalité pour elle. Ce que Bruller pourra