Si le mot méphitique a quasiment disparu du langage courant, sa seule sonorité renvoie au malsain. Ce qui est méphitique dégage une odeur fétide, toxique. Il ne s'agit ici ni d'air ni de gaz nauséabonds, mais de contes, tous puisés dans la littérature fantastique. Ce recueil a déterré des histoires enfouies sous la poussière des siècles, de celles qui se colportent en frissonnant. Comment ne pas trouver diabolique la lutte à mort entre le serviteur Merodach et l'odieuse Lady Wheelhope, imaginée par l'écossais James Hogg (1770-1835). «Des années ont passé depuis que je l'ai entendue, mais elle a laissé une empreinte d'horreur sur mon jeune esprit», confie le narrateur. Chez l'Irlandais Joseph Sheridan Le Fanu (1814-1873), c'est encore le narrateur qui joue le passeur dans Un chapitre dans l'histoire d'une famille de Tyrone. Reclus dans sa maison de Merrion Square à Dublin, Le Fanu écrivait dans son lit vers deux heures du matin «à cette période étrange de la nuit où l'énergie est au plus bas et où se déchaînent les terrifiantes puissances des ténèbres», raconta son fils.
Le recueil a choisi des nouvelles s'étalant du XIXe au début du XXe siècle, pour clore sur Lord Dunsany (1878-1957). Des kidnappeurs d'âmes sans vergogne hantent les textes de Charlotte Ridell et de Rhoda Broughton quand le Londonien William Henry Hudson s'attaque à la sorcellerie. Les personnages sont souvent pâles comme la cendre, les allures spectrales, les rêves affreux. De quoi doucem