Les singes ne cessent de faire le singe et les fourmis ne se lassent pas de leur travail de fourmi. C'est à cela que l'on voit que le monde est bien fait. Et l'homme dans tout cela ? Il observe singes et fourmis en se disant qu'il n'a pas tiré la plus mauvaise carte : la vie des bêtes est souvent un tel chemin de croix. Prenez la fourmi Atta colombica. Cette pauvre chose passe le plus clair de son temps à charrier sur son dos des gros bouts de feuille, qu'elle ramène à la maison pour y faire pousser les champignons dont elle se nourrit. C'est déjà épuisant. Mais parfois Atta colombica tombe en plus sur une équipe de chercheurs qui entreprend de compliquer son travail en dressant des obstacles entre son site de travail et son nid : c'est très embêtant. L'équipe en question, menée par la jeune chercheuse française Audrey Dussutour, a tendu un toit en plastique à un centimètre du sol, empêchant les fourmis de porter leurs charges de feuilles au-dessus de leurs têtes. Comme il n'y avait pas de chemin alternatif, un gros embouteillage était à prévoir. Or non. Les insectes se sont rapidement mis à tailler des fragments plus petits et plus ronds, de manière à pouvoir se glisser sous ce toit artificiel lors du retour au bercail. Parallèlement, le nombre de porteuses a augmenté, ce qui a permis à la colonie de garder le même flux d'approvisionnement. Conclusion, détaillée dans la revue Animal Cognition (2008) : les fourmis sont moins bêtes qu'on ne le croyait. P
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