Spectacle effroyable que celui de monsieur mante religieuse en train d'être bouffé par madame après la copulation, et parfois même pendant. Le pire, c'est que le type n'a même pas l'air de passer un mauvais quart d'heure. Il arrive qu'une fois décapité il mette encore plus d'ardeur dans le coup de rein : voir Roeder (1935) et Liske (1991) pour les détails. Serait-ce une forme atroce de perversion sexuelle ? Evidemment non : les insectes ne mangent pas de ce pain-là. De son côté, la femelle trouve son compte dans ce festin post coïtum, car il lui offre une ration de protéines permettant de pondre plus d'oeufs. Hurd et al. (1994) ont constaté que chez Tenodera difolia sinensis (une espèce chinoise), les mâles pouvaient représenter jusqu'à 63 % du régime alimentaire des femelles adultes ! Pour les mâles, l'avantage de ce cannibalisme sexuel est moins évident.
Problème : monsieur mante religieuse est-il consentant dans cette histoire, ou au contraire préférerait-il ne pas être bouffé tout cru ? Etrangement, deux équipes de chercheurs, l'une américaine l'autre européenne, ont eu simultanément la même idée en 2005 : résoudre la question expérimentalement. La première a confronté des mâles à des femelles plus ou moins affamées (de nourriture, pas de sexe), et a comparé les techniques d'approche. Eh bien le mâle en rut se montre bien plus prudent lorsqu'il sent que la fille a une grosse faim : il s'approche plutôt par derrière que par devant, adapte sa cour, reste accou