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Libération
Critique

Autoportrait d'un reporter

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publié le 15 août 2008 à 4h37

Ryszard Kapuscinski Textes choisis par Krystyna Straczek. Traduit du polonais par Véronique Patte. Plon, 172 pp., 19 €.

Quand Ryszard Kapuscinski est mort en janvier 2007 à l'âge de 75 ans, c'était un des grands reporters qui avait eu la plus grande longévité. Il le disait lui-même : c'est un métier où on ne dure généralement pas, soit parce qu'on meurt, sort parce qu'on passe à autre chose. Lui-même a travaillé des dizaines d'années en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient et a en tiré la matière de plusieurs livres entre l'ethnologie et la sociologie. Dans ce livre-ci sont rassemblés des entretiens et des conférences réalisés entre 1985 et 2000. Ce Polonais qui a «personnellement été le témoin de 27 révolutions» y parle de son métier, de son rapport aux gens et au monde et explique qu'il ne s'est jamais senti bien dans un contexte stable, «c'est la raison pour laquelle l'Europe ne m'intéresse pas». Quant aux voyages, ceux qui l'intéressent sont les voyages «anthropologiques, dont le but est de mieux connaître le monde. Le voyage du reporter nécessite un travail acharné et une intense préparation théorique, il ignore le repos. Il se fait dans le recueillement le plus total». De son métier, il a une vision morale, presque religieuse. «Pour pratiquer le journalisme, il faut avant tout être bon. Les gens mauvais ne peuvent pas être de bons journalistes. Seul un homme bon essaie de comprendre les autres, leurs intentions, leur foi, leurs tragédies. En fait,