Avertissement aux lecteurs sensibles : l'expérience dont il sera ici question a fait quatorze victimes, toutes décédées dans des conditions atroces. Les événements se sont déroulés entre février et avril 2002 à la station de recherche zoologique de Tovetorp, dans le sud-est de la Suède. Les acteurs en furent quatre chercheurs des universités de Stockholm et de Saint Andrews (Ecosse). Ils étaient munis d'un feutre noir et d'une paire de ciseaux. L'objectif était d'analyser les techniques de défense passive utilisées par les papillons contre les oiseaux. Deux espèces communes sous nos latitudes étaient en lice : des paons du jour (Inachis io), papillons très colorés de nos campagnes, et de jolies mésanges bleues (Cyanistes caeruleus). Et que le meilleur gagne ! (C'est rarement le papillon). Le paon du jour passe sept à huit mois par an à roupiller dans les arbres creux ou les greniers ; il est alors vulnérable. S'il survit, c'est grâce à quelques techniques de camouflage. Ailes fermées, on dirait une feuille morte. Mais si on vient l'embêter, il ouvre les ailes et les fait battre : apparaissent quatre yeux (ou ocelles) dessinés sur ses ailes. En sus, le papillon produit un léger sifflement en frottant ses ailes. Le prédateur se demande sur quelle bête il a bien pu tomber et part sans demander ni le café ni l'addition. Face à un tel phénomène, le chercheur normalement constitué s'interroge : qu'est-ce qui impressionne le prédateur là-dedans ? Les ocelles, le siff
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