Question posée par Michel Liquiere le 16/10/2017
Oui, il y a eu des observateurs internationaux pour les élections des gouverneurs du dimanche 15 octobre 2017 au Venezuela, mais leur légitimité est contestée.
Un système électoral «100% fiable», selon le Ceela
Par la voix de la présidente de l'Assemblée constituante Delcy Rodriguez, Caracas avait annoncé que les observateurs seraient 1200. Un chiffre contredit par le Conseil des spécialistes des élections d'Amérique latine (Ceela). Seuls les experts de ce groupe se sont rendus au Venezuela, et selon leurs documents, ils n'étaient en fait que 9, pour la plupart des magistrats ou des juristes de différents pays latino-américains. A cela s'ajoutent 15 «accompagnants» du Ceela, mentionnés dans les documents officiels. Contacté, le chef de la mission du Ceela, Nicanor Moscoso Peza, ne fait toutefois pas état des 70 observateurs initialement annoncés dans la presse.
L'opposition reproche au Ceela sa proximité avec les chavistes, même si «presque» tous les partis politiques ont assisté aux différents audits menés par le groupe d'expert, selon Nicanor Moscoso Peza. Comme le relevait un article de Global Americans, le Ceela ne dispose ni de site internet, ni de charte ou de texte constitutif.
Selon El Nuevo diario, le ce groupe d'expert a été créé à l'initiative d'Hugo Chavez au début des années 2000, comme «contrepoids de gauche aux organismes d'observations électorales de l'Organisation des Etats américains (OEA), dans l'optique de répondre aux interêts de la droite et principalement des Etats-Unis».
Selon Global Americans, le Ceela n'a jamais déclaré invalide une élection au Venezuela. Dans leur rapport sur les élections du 15 octobre, les experts écrivaient même que «le système électoral vénézuélien est 100% fiable», et que c'était l'un «des plus solides au monde».
«Les résultats [...] ne peuvent être reconnus»
Le Ceela est le seul organe international à avoir pu envoyer des observateurs, selon une journaliste vénézuélienne sur place. «Les autorités n'ont pas délivré d'accréditations» aux experts que voulait faire venir l'opposition.
L'Organisation des Etats américains a vivement critiqué ce refus d'accueillir d'autres observateurs étrangers. «Pour observer une élection, l'OEA doit recevoir une invitation formelle de l'Etat ou de l'autorité électorale, explique Gerardo de Icaza, directeur du département de la coopération et de l'observation électorale. Cela n'a pas été le cas», déplore le responsable.
Et de poursuivre, sur le même mode que le secrétaire général de l'organisation au lendemain du vote: «Les résultats d'une élection dans un pays où l'exercice libre de la démocratie n'est pas garanti ne peuvent être reconnus.»
Ces déclarations sont proches de celles des Etats-Unis qui se désespéraient, au lendemain du vote, de l'absence «d'observateurs internationaux indépendants et crédibles». Pour plusieurs pays américains, réunis dans le groupe de Lima, «il est urgent que soit menée une observation indépendante du processus électoral, avec l'accompagnement d'observateurs internationaux spécialisés et reconnus.»
Un peu vite, de nombreux médias français (Libération, Le Monde, RFI, Europe 1...) ont écrit qu'il n'y avait pas d'observateurs internationaux. Il aurait été plus juste d'écrire que seuls les observateurs internationaux choisis par le gouvernement ont pu assister au processus électoral.
Fabien Leboucq