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Macron veut-il voir de nouveaux payss adhérer à l'UE comme l'a annoncé Wauquiez ?

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publié le 14 novembre 2017 à 7h15

Question posée par Arnaud le 13/11/2017

Bonjour,

Emmanuel Macron s'est effectivement déclaré favorable à l'adhésion de nouveaux pays, notamment des Balkans, dans une Europe «à plusieurs vitesses». Il s'agit de ne pas exclure de l'Europe des pays qui, sinon, se tourneraient vers la Russie, tout en prenant garde à ce que les nouvelles entrées ne bloquent pas la consolidation de l'Union qu'Emmannuel Macron appelle également de ses voeux.

Voici ce qu'avait déclaré Emmanuel Macron lors de son discours sur l'Europe tenu à la Sorbonne le 26 septembre dernier.

Cette Union, lorsqu'ils respecteront pleinement l'acquis et les exigences démocratiques, devra s'ouvrir aux pays des Balkans. Car notre Union reste attractive et son aura est un facteur essentiel de paix et de stabilité sur notre continent. Ils devront respecter les conditions prévues, mais les arrimer à l'Union européenne ainsi repensée, c'est une condition pour qu'ils ne tournent pas le dos à l'Europe pour aller ou vers la Russie, ou vers la Turquie, ou vers des puissances autoritaires qui ne défendent pas aujourd'hui nos valeurs.

De la même façon, dans cette Union recentrée sur des valeurs intransigeantes, un marché efficace, dans quelques années, s'il le souhaite, le Royaume-Uni pourra trouver la place qui est la sienne. C'est pourquoi vous ne m'avez pas entendu parler du Brexit cet après-midi. Les discussions sont en cours qui ne définissent pas le futur de l'Europe. Mais dans cette Union européenne repensée, simplifiée que je propose, je ne m'imagine pas que le Royaume-Uni ne puisse trouver sa place.

Si nous pouvons accepter cet élargissement exigeant, c'est aussi parce que le socle renforcé de l'Union européenne permettra des différenciations plus grandes. Et j'assume pleinement cette philosophie.L'Europe est déjà à plusieurs vitesses alors, n'ayons pas peur de le dire et de le vouloir ! C'est parce que ceux qui vont plus vite n'osent plus aller de l'avant que le goût même de cette ambition s'est perdu, que les autres les ont regardés avancer pour finir par se dire : « ça n'a pas l'air d'être si bien cette avant-garde de l'Europe, ils n'osent même plus se réunir, ils n'osent plus proposer, ils n'osent plus avancer ».

Non, allons vers ces différenciations, vers cette avant-garde, ce cœur de l'Europe dont je parlais tout à l'heure. Sur tous nos grands défis, nous devons avancer en accélérant le rythme et en élevant nos ambitions. Aucun État ne doit être exclu de cette dynamique, mais aucun pays ne doit pouvoir bloquer ceux qui veulent avancer plus vite ou plus loin.

Et voici l'analyse qu'en avait faite le correspondant de Libération à Bruxelles, Jean Quatermer :

Pour Emmanuel Macron, unité ne rime pas avec paralysie. S'il n'exclut pas qu'à terme tous les pays de l'Union participent à toutes les politiques européennes, y compris à l'euro, il refuse que les plus réticents bloquent ceux qui veulent aller de l'avant, d'autant que <em>« l'Europe est déjà à plusieurs vitesses, n'ayons pas peur de le dire. Allons vers ces différenciations »</em> qui impliquent la mise en place d'une <em>« avant-garde »</em> mobilisant <em>« l'ambition motrice de quelques-uns »</em>. C'est une vraie différence avec le discours sur l'état de l'Union prononcé par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le 13 septembre dernier, qui, à l'image de l'Allemagne, n'a même pas évoqué cette Europe à plusieurs vitesses qui est déjà un fait (euro, Schengen, politique de sécurité et d'immigration, etc.). Pour rassurer les pays d'Europe de l'Est qui sont évidemment visés, le chef de l'Etat affirme qu'il ne veut pas bâtir de nouveaux murs infranchissables: <em>« perdre cette unité, c'est prendre le risque de revenir à nos déchirements mortifères et à l'hégémonie destructrice ».</em> Ce qu'il faut, c'est <em>« assurer l'unité sans chercher l'uniformité » et sortir de la recherche actuelle du « plus petit dénominateur commun ».</em>

Assumer que l'Europe n'ira pas du même pas avant longtemps ne veut pas dire que ceux qui n'appartiendront pas au cœur nucléaire de l'Union pourront faire ce qu'ils veulent. Outre les règles du Marché unique qui continueront à se décider à 27 et à s'appliquer aux 27, <em>« sur les valeurs de la démocratie et de l'état de droit (…) il ne peut y avoir d'Europe à deux vitesses ». </em>La Pologne et la Hongrie sont prévenues. Emmanuel Macron, en accord avec Juncker, se dit aussi ouvert à un élargissement futur aux pays des Balkans <em>« lorsqu'ils respecteront pleinement l'acquis (communautaire) et les exigences démocratiques. Car notre Union reste attractive et son aura est un facteur essentiel de paix et de stabilité sur notre continent ». </em>Mais la logique du chef de l'État est très différente de celle de Juncker qui ne prône pas un approfondissement conséquent comme préalable : <em>« si nous pouvons accepter un élargissement exigeant, c'est parce que le socle renforcé de l'Union européenne permettra des différenciations plus grandes ».</em> Mais aucun mot sur la Turquie…

Cordialement,

C.Mt

Réponse publiée le 14 novembre 2017