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Gérard Filoche est il fondateur de SOS Racisme ?

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publié le 29 novembre 2017 à 15h11

Question posée par Nils le 27/11/2017

Bonjour,

Gérard Filoche, exclu du parti socialiste après avoir tweeté un photo montage antisémite d'Emmanuel Macron, réfute toute accusation d'antisémitisme en expliquant être l'un des fondateurs de SOS Racisme. L'information figure sur son site internet, dans de nombreux portraits de l'homme politique, et il l'assurait encore dans une interview à Libé le jour du «tweet-gate».

Cela fait 55 ans que je milite, je suis fondateur de SOS racisme. On veut faire croire que je suis un rouge-brun ? C'est faux, je suis un rouge-rouge. L'antisémitisme, le racisme, c'est hors de mon monde.

Contacté par Check News, il confirme aujourd'hui avoir été l'un des fondateurs, et être arrivé avec son carnet d'adresses. «J'ai été au premier concert, au premier congrès, dans tous les coups», assure-t-il.

Une version réfutée par Julien Dray, l'un des fondateurs (non contesté cette fois) de l'association. «En 1984, il y avait 21 fondateurs dont Harlem Désir, Laurence Rossignol, Didier François (Rocky), Eric Montès… Mais Gérard Filoche ne fait pas partie des tous premiers. Il n'est pas impossible qu'il ait contacté ses copains quand il rejoint SOS mais je préfèrerais qu'il dise "j'ai été un militant actif". Ca, c'est vrai. Donc je vois pas pourquoi il va raconter qu'il était fondateur. C'est quand SOS a commencé à avoir du succès, qu'il nous a rejoint. C'est du baratin», assène-t-il. Ce que confirment d'autres membres de ce premier cercle de fondateurs, qui assurent que Filoche les a rejoint «très rapidement» mais que c'est un «abus de langage» de le qualifier de fondateur.

Philippe Juhem, auteur d'une thèse sur l'histoire de SOS Racisme, est un peu plus précis, et explique pourquoi les deux intéressés n'ont pas la même version. Tout dépend de quel «cercle des fondateurs» on parle. Gérard Filoche n'est pas dans le premier, celui qui comprend en effet Julien Dray, Laurence Rossignol, Harlem Désir et bien d'autres. C'est le noyau le plus restreint, constitué d'un groupe particulier de l'Unef. «Comme l'affaire est vraiment importante (monter un mouvement de masse nouveau sur la question de l'antiracisme), ce groupe initial s'adjoint le concours des animateurs de l'UEJF avec lesquels ils ont des accords locaux de coopération dans les universités (Stéphane Boujenah et Eric Ghébali). Ce groupe se déclare également "fondateur". Ensuite ce noyau s'adjoint la coopération des réseaux jeunes de Gérard Filoche qui a l'époque anime un courant au sein de la LCR, dont les membre sont appelé les "filochards" et dont Julien Dray est l'ancien responsable jusqu'en 1982-1983», explique Philippe Juhem. SOS Racisme a été fondée en 1984, et prend vraiment son essor en 1985. Le premier «concert des potes» a lieu en juin 1985, et le premier congrès en 1986.

L'arrivée exacte de Gérard Filoche est difficile à dater.  «Il n'est pas dans le premier wagon, mais il est monté dans le train avant le succès. Il a quand même participé à faire ce qu'est devenu le mouvement donc ce n'est pas illégitime de sa part de se dire fondateur». Courant 1985 donc.

Cordialement,

Pauline Moullot

Réponse publiée le 29 novembre 2017