Question posée par Nicolas le 25/11/2017
Bonjour,
Vous nous demandez pourquoi le site du ministère des Affaires étrangères (MAE) France diplomatie ne donne jamais d'informations sur les droits LGBT+ dans ses fiches "Conseils par pays".
Tout d'abord, même si ces informations ne sont pas disponibles à première vue, elles figurent bien dans certaines fiches, en général en cliquant sur l'onglet «Infos utiles» de chaque fiche. Ci-dessous, vous trouverez deux listes, une compilant les fiches "avec" mention des droits LGBT dans les pays les disposant d'une législation répressive, et une autre liste "sans".
Par exemple, sur la fiche consacrée au Maroc, le site du MAE évoque en première page les risques terroristes, de vols, d'agressions, ou liés aux accidents des transports de voyageurs. Il faut cliquer sur l'onglet «Infos utiles», pour trouver à l'intertitre «Moeurs» des indications relatives à l'orientation et aux pratiques sexuelles : «L'homosexualité est considérée au Maroc comme un délit (passible de trois ans de prison) et les relations hétérosexuelles hors mariage sont prohibées (un an de prison).»
Pour l'Inde également, il est précisé à l'onglet «Infos utiles» que «l'homosexualité est illégale (article 377 du Code pénal).»
Mais d'autres Etats, dont l'illégalité de l'homosexualité est connue, ne portent en effet aucune mention spécifique des droits LGBT+. C'est le cas de l'Egypte, où la justice a condamné dimanche 26 novembre quatorze personnes pour relations sexuelles «anormales». Les conseils de voyage de France diplomatie pour ce pays ne parle que d'une certaine retenue à adopter en public, sans mentionner spécifiquement les droits LGBT. Il est dit que «les coutumes et les lois sont conformes aux pratiques de la charia.» et que les «manifestations extérieures de l'intimité affective sont considérées comme contraires aux bonnes mœurs.» Des cas plus spécifiques, comme les disparitions d'homosexuels en Tchétchénie, ne figurent pas non plus dans la fiche de la Russie, alors que la diplomatie française s'est adonnée à l'exflitration hors du pays de réfugiés tchétchènes gays et qu'Emmanuel Macron s'est engagé publiquement en ce sens lors de la visite de Vladimir Poutine début juin.
Comment expliquer ces "oublis" ? Contacté par Check News, le Quai d'Orsay explique que le site France Diplomatie constitue «une source d'informations et de recommandations sécuritaires ou sanitaires» qui n'a néanmoins pas vocation à être «un support d'analyse systématique des législations locales.»
Pourquoi donc certaines informations concernant les risques encourrus par des minorités sont parfois très limpides, et d'autres brillent par leur absence ? Le Quai d'Orsay explique se reposer «notamment sur les incidents reportés par les voyageurs» et promet que les fiches pays «intégreront naturellement les nouveaux risques signalés pour nos compatriotes.»
Fiches par pays dans lesquels la répression de la communautée LGBT n'est pas mentionnée :
- Afrique : la Mauritanie, le Soudan, le Soudan-du-Sud, l'Algérie, la Guinée, le Libéria, le Sierra Leone, le Ghana, le Togo, l'Erythrée, la Somalie, le Burundi, le Malawi, le Mozambique, l'Angola, la Namibie, le Swaziland, le Lesotho, la Côte d'ivoire, Djibouti.
- Amériques : le Guyana, Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Grenade, Saint-Christophe-et-Niévès, Barbade.
- Asie : Yémen, Oman, Qatar, Koweit, Bahreïn, Syrie, Ouzbékistan, Afghanistan, Pakistan, Bhoutan, Sri Lanka, Indonésie, Malaisie, Corée du Nord.
Les risques encourrus par la communauté LGBT figurent bien dans les fiches :
- Afrique : la Tunisie, le Sénégal, la Gambie, le Nigéria, le Cameroun, l'Ethiopie, le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana.
- Amériques : la Jamaïque, le Bélize, Trinité-et-Tobago
- Asie : Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Iran, Liban, Turkmenistan, le Bangladesh, Brunei, la Papousie-Nouvelle-Guinée.
Cordialement,
Youness Rhounna