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Bonjour, durant l'Emission Politique présentée par Léa Salamé, il semblerait que les invités faisant face à Jean-Luc Mélenchon ne correspondaient pas vraiment à la description qui en avait été faite. Est-ce vrai ? Si oui, que risque France 2 ?

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publié le 6 décembre 2017 à 11h07

Question posée par Léa le 04/12/2017

Bonjour,

Deux reproches ont été fait à l'Emission Politique concernant les invitées : l'essayiste Laurence Debray et la cheffe d'entreprise Pauline Laigneau.

Le premier reproche a visé le choix d'invitées politiquement orientées. Sur ce point, France 2 assume. «Si on les invite, c'est parce qu'ils ne sont pas d'accord avec ce que va dire Mélenchon», explique la rédactrice en chef de l'émission, Alix Bouilhaguet.

L'autre reproche, qui est le vôtre, tient au fait que l'Emission Politique n'aurait pas présenté correctement les deux invitées.

«Deux Françaises ont des questions à vous poser», a déclaré Léa Salamé en annonçant cette séquence «Prise Directe».

Elle a ensuite présenté les deux femmes.

<em>«Bonsoir Pauline Laigneau, vous êtes cheffe d'entreprise, vous avez créé une marque de bijoux en ligne 100% Made In France, vous avez 25 salariés dans votre entreprise, vous faites travailler plus de 150 personnes dans les ateliers partout en France. Pauline Laigneau vous allez revenir sur la loi Travail avec Jean-Luc Mélenchon. Le texte a été définitivement adopté par l'Assemblée nationale cette semaine, malgré Jean-Luc Mélenchon toutes vos critiques. Pauline Laigneau, qu'est-ce que vous avez à dire à Jean-Luc Mélenchon?</em>

 La jeune femme parle alors de sa «peur» quand elle est attaquée aux prud'hommes et engage un dialogue sur la réforme du travail avec Jean-Luc Mélenchon.

France 2 a été accusée d'avoir caché qu'elle avait signé une tribune dans le Point en janvier 2016 appelant à «secouer la France» et «changer notre vision de l'entreprise»«L'heure n'est plus à la demi-mesure ; le temps des réformes à la marge est passé. Il faut faire table rase et reconstruire. Jeter aux orties code du travail, 35 heures, un bon nombre d'impôts et toute cette sédimentation administrative que personne ne comprend et qui empêche notre pays d'aller de l'avant», écrivait-elle.

Quant à Laurence Debray, voici comment elle a été présentée:

La parole à présent à vous, Laurence Debray, vous êtes historienne, écrivain. Vous venez de publier chez Stock "fille de révolutionnaire" où vous racontez votre histoire, celle de la fille de Régis Debray et d'Elizabeth Burgos qui est vénézuelienne, vos parents étaient compagnons de route de Che Guevara, si vous êtes ici ce soir c'est parce que vous avez vécu au Venezuela, elle a interviewé Hugo Chavez en 1998, et la famille de votre mère, Laurence, vit toujours au Venezuela, vous avez des questions à poser à Jean-Luc Mélenchon.

Il a alors été reproché à la chaîne de n'avoir pas mentionné que la fille de l'ex-castriste Régis Debray était aussi diplômée d'HEC, qu'elle a voté Macron aux deux tours de la présidentielle (ce qu'elle a d'ailleurs reconnu dans un portrait qui lui était consacré dans Libération) et qu'elle est volontiers critique avec Jean-Luc Mélenchon, comme en témoigne cet article signé par l'essayiste dans les Echos en octobre (Mélenchon, la révolution sans dialogue) où elle mettait en scène (et critiquait verttement) le refus du leader insoumis de lui répondre (ce qu'il a d'ailleurs lui-même rappelé au cours de cette présentation).

Est-il jaloux de mon patrimoine génétique, lui, l'apparatchik qui n'a rien d'autre de révolutionnaire que sa verve ? Ou ne souhaite-t-il pas s'abaisser à discuter avec une électrice d'Emmanuel Macron, ancienne banquière à New York, qui a connu enfant les camps de pionniers à Cuba pour les vacances, et qui a longuement interviewé Hugo Chavez avant de publiquement désavouer la soi-disant révolution bolivarienne ? Cela supposerait évidemment un dialogue avec l'ennemi...

A-t-il des arguments suffisamment affûtés pour tenir tête à quelqu'un qui a eu le bonheur de connaître l'engagement communiste de près, et la tristesse de vivre les conséquences sur une population qui connaît la faim et la détresse comme au Venezuela et à Cuba ? Mais j'insiste, quand même, car je voudrais bien comprendre comment il compte poursuivre sa lutte contre le premier budget du quinquennat, lui qui a promis de faire <em>« déferler » </em>un million de personnes sur les Champs Elysées  à la fin du mois.

En résumé, on ne peut pas vraiment dire que «les invitées ne correspondaient pas à la description qui en a été faite», mais plutôt que France 2 ne les a pas vraiment décrites, s'abstenant de rappeler que la cheffe d'entreprise s'était dite publiquement favorable à la réforme du travail, ou encore que Laurence Debray avait eu deux mois auparavant un échange tendu avec Jean-Luc Mélenchon, lequel avait abouti à un papier cinglant.

Cordialement,

P.M