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La conclusion des études sur la baisse du QI en Europe occidentale est-elle que celle-ci est due aux perturbateurs endociniens ? Question subsidiaire, la-dite étude est elle crédible ? (http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160289615000653)

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publié le 8 décembre 2017 à 15h13

Question posée par vaevix le 07/12/2017

Bonjour,

Nous avons déjà répondu à une question sur la baisse avérée ou non du QI.

Pour répondre plus précisément à la votre, notons qu'il existe plusieurs études concluant à la baisse du QI dans les pays occidentaux. En France, mais aussi en Norvège, en Australie, au Danemark, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Finlande… Les résultats de ces études sont recensés ici.

En fait, quand les chercheurs sont d'accord pour constater une baisse du QI (ce qui n'est pas toujours le cas), ils se divisent sur les causes de cette baisse. La chercheuse au CNRS Barbara Demeneix par exemple est formelle: pour elle il est incontestable que cette baisse est due aux perturbateurs endocrininens.

Pour les auteurs de l'étude sur la France, que vous mettez en lien dans votre question, la cause de cette baisse du QI n'est pas environnementale mais dysgénique. Pour résumer grossièrement, voici ce qu'ils pensent: les personnes avec un QI élevé feraient moins d’enfants que ceux avec un QI plus faible, ce qui tend au fil des ans à faire baisser la population qui possède un QI plus important… Une théorie très controversée, qui sert à leurs détracteurs pour décrédibiliser les résultats.

Barbara Demenex, de son côté, assure «Dutton et Lynn ne donnent que des hypothèses pour expliquer cette baisse, alors que je m'appuie sur des études scientifiques validées par la communauté.» Selon elle, l'exposition aux perturbateurs endocriniens impacte le développement du cerveau en agissant sur les hormones thyroïdiennes.

Nous ne pouvons donc pas répondre par oui ou par non à votre question sur les perturbateurs endocriniens puisque même la communauté scientifique n'a pas trouvé de consensus sur le sujet.

Par ailleurs, vous nous demandez si l'étude sur la France est crédible. Comme expliqué plus haut, les conclusions controversées de Dutton et Lynn sur la baisse du QI tendent à décrédibiliser leurs résultats pour leurs détracteurs. Par ailleurs, l'étude a été menée sur une faible cohorte: 79 personnes. Pour Dutton, contacté par Checknews, ce n'est pas un problème: «On précise que c'est un chiffre relativement réduit, mais il est concordant avec les résultats des études menées en Scandinavie et va dans la direction attendue.»

Le spécialiste du QI, Richard Flynn, a la même conclusion: «Il n'y a aucun problème avec cette étude [sur la France], mais l'on aura besoin d'autres études pour être sûrs de ces résultats.» Ce que confirme Franck Ramus, chercheur du CNRS spécialiste des sciences cognitives: «Le problème, c'est qu'il n'y a généralement qu'une seule étude récente par pays, et pas toujours avec de gros effectifs (notamment l'étude sur la France). Il faudrait réévaluer la situation dans dix ans. Alors on aura suffisamment de recul pour voir s'il y a une croissance plus lente, une stagnation ou un déclin. En attendant, il n'y a pas lieu d'être alarmiste.»

Cordialement,

Pauline Moullot