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Obama aussi parlait de Jérusalem comme de la «capitale d'Israël»

Il en parlait surtout lors de ses campagnes électorales… Mais il a toujours repoussé le déménagement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv, à Jérusalem, prévue par une loi de 1995.
Barack Obama à Jérusalem en septembre 2016 lors des obsèques de Shimon Pérès. (Photo Nicholas Kamm. AFP)
publié le 13 décembre 2017 à 10h07

Question posée par Dom sur Checknews.fr : «Obama a-t-il déclaré que Jérusalem était la capitale d'Israël ?»

Le 6 décembre, le président américain, Donald Trump, a officiellement reconnu Jérusalem comme la capitale d'Israël et a annoncé vouloir y déménager l'ambassade américaine, jusqu'ici installée à Tel-Aviv, à moyen terme. Ce faisant, il a déclenché la colère des Palestiniens, qui estiment que Jérusalem-Est leur revient, et de la communauté internationale, selon qui le statut de la ville, dont l'Etat hébreu occupe illégalement la partie Est selon l'ONU, doit être au cœur des négociations israélo-palestiniennes.

Le lendemain, le 7 décembre, Donald Trump s'était fendu d'un tweet («J'ai tenu ma promesse de campagne – d'autres ne l'ont pas fait») accompagné d'une vidéo où l'on peut entendre Bill Clinton (1992-2000) et Barack Obama (2008-2016) affirmer que Jérusalem «est la capitale d'Israël et doit rester indivisible», tandis que George Bush Jr (2000-2008) affirme que «dès [qu'il prendra ses] fonctions, [il lancera] le processus de transfert de l'ambassadeur américain dans la ville qu'Israël a choisie comme capitale».

Barack Obama, puisque c'est sur lui que porte cette question, a bien prononcé ces mots. Il les a même prononcés à plusieurs reprises. Le 4 juin 2008, il avait à peine été choisi comme candidat par le camp démocrate qu'il affirmait «Jérusalem devra rester la capitale d'Israël et devra demeurer indivisible» devant le puissant lobby pro-israélien Aipac (pour American Israel Public Affairs Committee), passage obligé des prétendants à la Maison Blanche. Immédiatement après, toutefois, il nuançait sur CNN : «Evidemment, ce sera aux parties impliquées de négocier un éventail de questions, dans lesquelles figurera Jérusalem.»

Un mois et demi plus tard, le 23 juillet, en déplacement en Israël, à Sdérot, il remettait ça : «Je n'ai pas changé ma position. Je continue de dire que Jérusalem sera la capitale d'Israël. Je l'ai dit dans le passé et je le répète. Mais j'ai aussi dit qu'il s'agit d'une question liée au statut final.» Manière de conditionner la reconnaissance au résultat des négociations entre l'Etat hébreu et l'autorité palestinienne, au point mort depuis des années. En conséquence, le programme démocrate de 2008 affirmait que «Jérusalem est et restera la capitale d'Israël».

A nouveau en 2012, lorsqu'il s'est lancé dans la course à sa réélection, Obama est personnellement intervenu pour exiger que le programme démocrate fasse de nouveau allusion à Jérusalem «capitale d'Israël». De nouveau, sa position était nuancée par un porte-parole de la présidence : «La position de cette administration est que la capitale devra être décidée dans des négociations sur le statut final [de Jérusalem] entre les deux parties.»

Précisons toutefois que les affirmations d'Obama sont en accord avec une loi de 1995, le Jerusalem Embassy Act, votée par le Congrès et qui affirmait déjà que «Jérusalem devrait être reconnue comme la capitale de l'Etat d'Israël» et que «l'ambassade des Etats-Unis en Israël devrait être établie à Jérusalem au plus tard le 31 mai 1999». Cette loi, toutefois, autorisait aussi le président américain à reporter ce déménagement tous les six mois. Ce que tous les présidents américains avaient fait depuis, y compris Obama.

D'ailleurs, le 44e président des Etats-Unis n'a jamais réclamé que l'ambassade soit déplacée. Il a prévenu, lors de sa toute dernière conférence de presse comme Président, qu'un déménagement de l'ambassade pourrait avoir un résultat «explosif»rapporte ABC.