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Est ce que MarianneLeMag à réellement détourné les propos de @BelattarYassine pour lui faire dire l'éxact inverse de ce qu'il à dit?

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publié le 18 décembre 2017 à 9h36

Question posée par Remy le 16/12/2017

Bonjour,

Votre question porte sur l'article que l'hebdomadaire Marianne a consacré à l'humoriste Yassine Belattar. Dans ce portrait à charge, une citation -notamment- a fait beaucoup réagir. L'humoriste y est cité déclarant «Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice. […] Je choisis mes deuils»

Voici l'extrait en question :

<em> Au cœur de la polémique entre Edwy Plenel – qu'il soutient- et Charlie Hebdo, Belattar répète, quand on lui lit l'éditorial de Riss: «Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice. […] Je choisis mes deuils […] Avant les attentats, Charlie allait mettre la clé sous la porte. […] Maintenant, Charlie est un journal très riche.» Il répète dans son spectacle qu'il «choisit ses deuils»</em>

Sauf que comme l'a fait remarquer le journaliste Martin Boudot sur Twitter, la phrase qu'a prononcée Yassine Belattar quand il a été amené à réagir le 14 novembre à l'édito de Riss contre Edwy Plenel, n'est pas du tout celle qui est retranscrite dans Marianne. Voici ce qu'il disait sur France Info :

Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas un homme de slogan. Je ne choisis pas mes deuils. Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice, je suis Français et tout ça fait que je suis toujours en deuil quand il y a un malheur sur le territoire français"

Accusée d'avoir tronqué les propos de Yassine Belattar, mais, plus encore, de les avoir déformés, l'auteure de l'article a procédé à une "mise au point". Si elle ne revient pas sur son propos, elle revient tout de même sur sa version initiale. Dans son portrait, elle assurait que l'humoriste avait affirmé «choisir ses deuils» lorsqu'il avait été amené à réagir à l'édito de Riss, et qu'il le répétait dans ses spectacles.

Dans sa mise au point, elle acte qu'il n'a pas tenu ces propos à la radio, mais maintient que Yassine Belattar les a bien tenus le 4 décembre lors de son spectacle - auquel elle dit avoir assisté.

Désolée si Yassine Belattar dit une chose <a href="https://www.youtube.com/watch?v=h7JdHPAG7Sw" target="_blank">à la radio</a> et une autre sur scène. Ayant assisté à la représentation de son spectacle le 4 décembre au théâtre de l'Atelier, et fort bien placée dans un fauteuil d'orchestre, au cinquième rang ( j'ai payé ma place, qu'on se rassure) j'ai bel et bien entendu le héros de la soirée claironner : «<em> Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice</em> » et enchaîner :« <em>J'ai le droit de choisir mes deuils </em>». Phrase qui m'a fait si mal, droit dans le cœur, que je l'ai griffonnée sur mon carnet noir, dans l'ombre de cette salle triste à mourir de rire. Et relatée dans mon article. Même si certains affirment en un lieu le contraire de ce qu'ils déclarent ailleurs et se font un art de la confusion, à bon entendeur, salut...

Le spectacle n'a pas été enregistré par la journaliste et il ne nous a pas été possible d'en trouver un enregistrement. Martine Gozlan assure elle avoir noté la phrase sur un carnet.

A plusieurs reprises, Yassine Belattar a expliqué qu'il ne "choisissait pas ses deuils"

En cherchant avant la polémique, on trouve de nombreuses déclarations de Yassine Belattar expliquant pourquoi il ne choisit pas ses deuils. Interrogé sur son spectacle par 20 minutes, il déclarait  le 2 mai 2017 :

Vous dites dans le spectacle que vous n'êtes pas « Charlie ». Certains vous l'ont reproché.

Je le dis et j'explique ensuite pourquoi il ne faut pas dire que celui qui n'est pas Charlie est lié aux Kouachi. Quand il y a un attentat, je suis affecté et le fait de l'être englobe tous les deuils. Un mort est un mort, qu'il ait fait partie de la rédaction de <em>Charlie Hebdo</em> ou qu'il se soit trouvé sur la terrasse de La Belle Equipe, je ne fais pas la différence. Et puis je travaillais chez <em>Siné Hebdo</em> et j'avais expliqué à Charb mes désaccords avec la ligne éditoriale de<em> Charlie Hebdo</em>. Ce serait mesquin que je vienne dire ensuite « Je suis Charlie »

D'ailleurs, dans le spectacle vous assumez de dire que «vous n'êtes pas <em>Charlie</em>».

J'ai toujours dit que je ne voulais pas hiérarchiser entre les deuils, les dogmes et les communautés. Un mort c'est toujours un mort de trop, qu'il soit de<em> Charlie,</em> du Bataclan, de Nice ou de l'hypercacher… Je n'étais pas d'accord avec la ligne éditoriale de <em>Charlie.</em> Même s'ils ont encore fait cette semaine <a href="https://charliehebdo.fr/en-kiosque/" target="_blank">une une formidable.</a>

En résumé : il est avéré par un enregistrement que Yassine Belattar, contrairement à ce qu'a d'abord écrit Martine Gozlan, n'a pas affirmé qu'il "choisissait ses deuils" quand on lui a demandé de réagir à l'édito de Riss le 14 novembre à la radio. Il a déclaré au contraire : «je ne choisis pas mes deuils». Une formule qu'il a répétée plusieurs fois dans des interviews.

Et il n'existe en revanche aucune preuve qu'il a tenu les propos incriminés lors de son spectacle, comme l'affirme désormais Martine Gozlan.

Cordialement

C.Mt