Question posée par le 07/03/2018
Bonjour,
(Nous avons reformulé votre question: la voici en intégralité. «SudRail partage sur Twitter un carton issu d'un sondage Odoxa sur le statut des cheminots, dont ils jugent la formulation de la question biaisée. Or, sur le site de l'institut de sondage, on retrouve bien un sondage avec une question similaire en page 10, mais pas le carton diffusé par SudRail. Les partenaires (Figaro, l'Express etc) n'étant pas les mêmes sur les deux documents, on peut supposer qu'il y a eu un autre sondage précédemment. Le carton partagé par SudRail est-il authentique, et si oui, où le se sont-ils procuré ?»)
Voici effectivement ce que Sud Rail a partagé sur Twitter. Il s'agit d'une capture d'écran d'un sondage réalisée par Odoxa pour l'Express et France Inter.
Il s'agit du traditionnel baromètre politique mensuel. Si l'enquête (effectuée les 21 et 22 février) porte essentiellement sur la popularité du personnel politique, elle consacre quelques questions à un volet actualité. Pour le mois de février, c'est sur la SNCF que les sondés sont appelés à se prononcer. Parmi les deux questions sur le sujet, l'une porte donc sur le statut cheminot.
Sud Rail, dans son tweet, met en cause la formulation de la question «orientée», qui expliquerait selon le syndicat comment l'institut de sondage arrive à son résultat (69 % des sondés se déclarant favorable à la fin du statut des cheminots). La question posée est celle-ci :
La grande majorité des salariés de la SNCF bénéficie du statut de cheminot qui permet de garantir un emploi à vie, de partir à la retraite à 57 ans (52 ans pour les conducteurs de train) et de faire circuler quasi-gratuitement sa famille sur le réseau SNCF. Vous pensez personnellement plutôt :
- qu'il faut faire disparaître ce statut qui est un privilège qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui
- qu'il faut maintenir ce statut qui est la contrepartie d'un travail souvent pénible
De fait, la formulation introductive insiste sur les privilèges liés au statut. Il y a bien une mention d'un «travail souvent pénible», mais elle figure dans une des réponses proposées, étant ainsi renvoyée à un «avis».
Un deuxième sondage, dix jours plus tard, avec la même question reformulée
Comme votre question le fait remarquer, il existe un autre sondage réalisé sur le même sujet par Odoxa, publié celui ci par le Figaro et France Info. Ce deuxième sondage portait lui spécifiquement sur la réforme de la SNCF et a été réalisé les 28 février et 1er mars. Parmi les questions, on en retrouve une sur le «statut cheminot».
La question est proche mais n'est pas formulée de la même manière :
Le gouvernement souhaite mettre fin au statut de cheminot qui offre aux salariés de la SNCF des avantages comme la garantie d'un emploi à vie, le départ à la retraite à 57 ans et la possibilité de voyager quasi gratuitement sur tout le réseau SNCF mais impose aussi des horaires contraignants ou des week ends régulièrement travaillés. Vous personnellement êtes vous favorable ou opposé à la disparition de ce statut pour les nouveaux salariés de la SNCF?
Il y a plusieurs différences :
- Est évoqué dans cette deuxième formulation, parmi les avantage liés au statut, la possibilité du cheminot de «voyager quasiment gratuitement sur tout le réseau SNCF» alors que dans la première formulation, il est évoqué comme avantage le fait que le statut permet de «faire circuler quasi-gratuitement sa famille sur le réseau SNCF».
- Sont évoqués dans cette deuxième formulation les «horaires contraignants» et les «week ends régulièrement travaillés», qui n'étaient pas mentionnés dans le premier sondage.
- La question est également plus précise, puisqu'elle interroge sur l'hypothèse de faire disparaître le statut pour les nouveaux salariés de la SNCF (faisant comprendre qu'il n'est pas question de la supprimer aux actuels cheminots), là où la première formulation était plus floue, évoquant la «disparition» ou le «maintien» du statut mais sans plus de précision.
-La question précise aussi qu'il s'agit d'une volonté du gouvernement.
Le résultat est très proche : puisque 72 % des sondés approuvent la suppression du statut, contre 69 % dans le premier sondage.
C'est France Info, partenaire d' Odoxa sur le deuxième sondage, qui a demandé de modifier la formulation
Gaël Sliman, président d'Odoxa, affirme que la question a été modifiée, par rapport à sa première version, à la demande du partenaire du deuxième sondage, France Info. «Yaël Goosz, chef du service politique de France Info, a pensé que c'était plus juste et plus intéressant de détailler dans le "chapeau" [paragraphe introductif, ndlr] de la question les contraintes du métier de cheminot», explique le sondeur. Gaël Sliman précise qu'il arrive que les médias partenaires donnent leur avis sur des angles de sondages ou des formulations, même si «la décision appartient à l'institut de sondage». En revanche, le patron d'Odoxa réfute toute «correction» de la première question. «Les deux questions sont toutes deux objectives et non biaisées. Dans la première formulation, on évoque un métier globalement pénible, dans la deuxième on détaille dans les chapeaux les contraintes liées au métier. La différence est très ténue. La meilleure preuve étant qu'elles ont donné des résultats similaires». Odoxa n'exclut pas, dans l'éventualité d'une prochaine question sur le sujet, de se limiter à interroger les sondés sur «le statut de cheminot» sans détailler les avantages ou les contraintes liées aux métiers ferroviaires. Non pas «pour s'éviter les procès d'intention», précise Gaël Sliman, mais parce que «les gens en ont beaucoup entendu parler et savent de quoi il en retourne».
Nous n'avons pas réussi à joindre Yaël Goosz.
Cordialement
C.Mt