Question posée par Antoine le 10/03/2018
Bonjour,
Non, c'est faux. Les journalistes (qui gagnent suffisament pour être imposables) paient des impôts, comme tout le monde.
Par contre, il est vrai qu'ils bénéficient d'un avantage fiscal. Comme nous l'expliquions dans une précédente réponse, les journalistes peuvent déduire, au moment de leur déclaration de revenus, 7 650 euros de leurs revenus imposables. Qu'ils soient titulaires de la carte de presse ou non. C'est «l'allocation de frais d'emplois» régie par l'article 81 du code général des impôts, qui remplace l'abattement de 30% qui existait depuis... 1934.
D'où vient cet avantage?
Comme l'explique un article de Slate.fr «le journalisme faisait partie d'une liste délicieusement surannée de 110 professions qui étaient supposées avoir des frais professionnels (transport, nourriture, matériel...) plus importants que la moyenne. En France, tous les salariés sont exonérés de 10% de leur revenu au nom de ces frais professionnels». Ainsi, les journalistes bénéficiaient d'une déduction de 30%, les tisseurs non propriétaires de leur métier de 40% et les lunettiers du Jura par exemple de 15%. En 1996, Alain Juppé entreprend de supprimer ces avantages, mais Lionel Jospin rétablit l'abattement fiscal pour les journalistes deux ans plus tard. «Au lieu des 30%, les journalistes pourront dorénavant retirer 50.000 F (soit 7.650 €) de leurs revenus, une mesure qui favorise les bas salaires et limite l'avantage pour les plus riches. Il n'empêche que les journalistes sont les seuls à bénéficier de la mesure», écrit Slate.fr.
Ils peuvent aussi bénéficier d'un abattement de 30% sur les cotisations sociales salariales et patronales (c'est à dire que les cotisations sont prélevées sur 70% du salaire brut) dans la limite de 7 600 euros par an. L'entreprise fait ainsi des économies, mais les syndicats préviennent toutefois les journalistes gagnant moins de 46 828 euros brut par an qu'ils risquent de voir leur retraite amputée s'ils acceptent cet abattement. D'autres catégories professionnelles (dans le BTP, l'aviation ou les artistes...) bénéficient d'abattements similaires allant de 5 à 30%.
Notons enfin que les journalistes peuvent choisir de ne pas bénéficier de ces avantages.
En résumé, les journalistes paient des impôts, mais peuvent faire baisser la note.
Cordialement,
Pauline Moullot