Question posée par Lucas le 09/01/2018
Bonjour,
Chaque matin, l'invité du 7/9 de France Inter répond, en effet, aux questions des auditeurs.
Hier par exemple (en raison de la grève, il n'y avait pas d'émission ce matin), Claude a demandé à Virginie Calmels, vice-présidente des Républicains si son parti n'avait pas un problème avec l'argent et la justice. Michel lui a aussi demandé : «Vous dites qu'on a échappé de peu aux extrêmes. j'aimerais bien savoir ce que vous entendez par extrême, alors que vous soutenez Laurent Wauquiez.»
La veille, François avait demandé au porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, si le «ni de droite ni de gauche» d'Emmanuel Macron ne ressemblait pas de plus en plus au pâté d'alouette.
Et c'est ainsi, tous les matins de la semaine, depuis des années.
Comment sont choisies ces questions ? Pour répondre à votre question, CheckNews a contacté Mathieu Sarda, en charge de la programmation de la matinale depuis 2010.
«Concrètement, on reçoit plusieurs centaines d'appels par jour. Qui sont filtrés par trois ou quatre standardistes, la plupart du temps étudiants.»
Les standardistes notent le prénom de la personne, sa ville, et sa question dans un logiciel. L'équipe de la Matinale récupère ces données en régie.
«Si la question est bonne, qu'elle n'a pas déjà été posée, on rappelle l'auditeur, explique Sarda. On lui demande de reformuler sa question, pour s'assurer qu'il n'y a pas eu de bug, ou qu'il ne part pas dans une question très très longue. Si on sent que c'est le cas, on lui demande de se focaliser sur le coeur de la question. Si la ligne est bonne, que l'auditeur a une bonne voix, qu'il ne bégaye pas, on le met en attente avec 5 ou 6 autres questions».
La régie sélectionne, l'animateur tranche
Les questions s'affichent alors sur l'écran de l'animateur de la Matinale, le plus souvent Nicolas Demorand. C'est lui qui choisit les deux ou trois questions qui passent à l'antenne chaque jour. «Au casque, on peut lui dire "Prends Pierre il est super, il va dynamiser", mais il ne nous écoute pas toujours», raconte Sarda.
Au final, c'est l'animateur qui tranche. «Il suffit juste qu'on monte un bouton en régie, et l'auditeur est à l'antenne.»
Quels renseignements sont demandés aux auditeurs qui passent à l'antenne ? «Juste leur prénom et leur ville, c'est tout», assure Sarda. On comprend mieux ainsi comment, parfois, les auditeurs arrivent à «pirater» l'antenne d'Inter, comme ce fut le cas en janvier 2017, quand l'un d'entre eux a interpellé Manuel Valls pour lui dire : «La claque, on est 66 millions à vouloir te la mettre», en référence à la vraie gifle reçue par l'ancien premier ministre lors de la campagne des primaires de gauche. «On les appelle les auditeurs masqués. Ça arrive trois ou quatre fois par an. On ne peut rien faire», admet le responsable de la programmation du 7/9.
(La «scène» est à réécouter à partir de 8 minutes et 15 secondes dans la séquence ci-dessus)
Quels sont les hommes ou femmes politiques qui suscitent le plus de questions ? Sarda refuse de répondre à cette question. Et les thèmes ? «Ce sont les sujets les plus concernants. Les matinales sur l'hôpital, sur l'agriculture et l'alimentation et la santé. Les matinales avec les économistes aussi.»
On résume donc : les questions sont d'abord réceptionnées par des standardistes qui les recopient et les transmettent à la régie du 7/9 qui s'assure que la ligne est bonne, et que la personne s'exprime correctement. Cinq ou six questions sont ensuite proposées à l'animateur de l'émission. Qui n'en retient généralement que deux ou trois.
Bien cordialement,
Robin Andraca