Question posée par le 23/03/2018
Bonjour,
Vous nous avez posé cette question que nous avons modifiée pour la raccourcir : «Pourquoi, le reportage de libé sur St Cyr, ne reprend-il que des témoignages a charge d'élèves en échec ? Ne pouviez vous pas trouver une Élève qui a passé les prépas et qui nous parle de la vraie vie a St Cyr ?»
Vous faites référence à l'enquête d'Anaïs Moran et Guillaume Lecaplain publiée dans Libération, le vendredi 23 mars 2018 sur les insultes, brimades et humiliations systématiques qui visent à écarter les filles des prépas militaires.
Dans l'article, plusieurs élèves et anciens élèves du lycée militaire de Saint-Cyr témoignent du harcèlement qu'ils ont subi ou ont fait subir. Beaucoup des élèves filles ont abandonné la prépa, à cause de ces humiliations, comme en témoignent les effectifs femmes-hommes par promotion depuis 2012, recueillis par Libération.
Pour vous répondre, nous avons posé la question au journaliste Guillaume Lecaplain :
«Notre idée de départ était d'expliquer le taux d'abandon des filles beaucoup plus élevé au lycée de Saint-Cyr que partout ailleurs», explique-t-il. Grâce aux témoignages recueillis, les journalistes ont mis au jour un système d'exclusion et de harcèlement systématique des élèves filles organisé en particulier par un groupe d'élèves très influent, les «tradis».
«C'est une machine à faire de l'échec chez les filles», observe Guillaume Lecaplain, même s'il ajoute :
«Parler d'échec c'est un biais. La fille qui a envoyé la lettre à Emmanuel Macron va abandonner, mais elle fait partie des premiers de sa classe. Elle n'est pas en échec».
Par ailleurs, une des femmes ayant témoigné a bien intégré l'Ecole militaire de Saint-Cyr, même si elle a choisi d'abandonner.
«Je m'étais interdit de craquer en prépa car je pensais qu'à l'Ecole spéciale, les garçons tradis disparaîtraient dans la masse. J'ai cru pouvoir me débarrasser d'eux, je me suis trompée», témoigne-t-elle auprès de Libération.
L'enquête de Libération cherche à expliquer le phénomène d'abandon massif des élèves filles au Lycée militaire de Saint-Cyr. C'est pour cette raison que les élèves interrogés témoignent avant tout des problèmes. «Nous avons cherché à interroger tout le monde», indique le journaliste. Par ailleurs, l'abandon d'un cursus n'est pas forcément synonyme d'échec scolaire, d'après Guillaume Lecaplain. Il s'explique ici par l'existence d'un système misogyne destiné à décourager les étudiantes.
Les journalistes Anaïs Moran et Guillaume Lecaplain ont répondu à d'autres questions posées par les lecteurs dans un live Facebook, que vous pouvez revoir ici.
Cordialement,
Emma Donada