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Quel est ce Hugo Clement Gate entre lui et un livreur Deliveroo?

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publié le 5 avril 2018 à 11h36

Question posée par Jasper le 05/04/2018

Bonjour,

Plusieurs centaines de messages ont en effet été postés à ce propos depuis plusieurs jours sur Twitter.

Reprenons les choses dans l'ordre : le 30 mars, aux alentours de 14h, le journaliste de Konbini, Hugo Clément, a commandé un riz blanc et une soupe miso sur l'application Deliveroo.

A ce moment-là, le livreur, très actif sur les réseaux sociaux, tweete : «Devinez je vais livrer qui ? @hugoclement cette fois-ci c'est pas une salade», subtile référence au portrait du journaliste paru dans Libé, où Hugo Clément s'enthousiasme «devant une salade livrée par Deliveroo». Sous le tweet une capture d'écran de Google Maps où l'on devine l'adresse de livraison, en l'occurence celle de Konbini, le média dans lequel travaille désormais Clément.

Le journaliste demande alors au livreur de supprimer. Il s'exécute, mais continue ensuite à tweeter : «Par contre j'ai pas eu de pourboire». «Nada 0euro je suis triste... il est blindé». A une internaute qui lui demande ce que le journaliste avait commandé, il répond : «riz white et soupe miso».

« L'application a été désactivée le jour-même »

Le livreur raconte la suite. «Le 30 mars, dans l'après-midi, je reçois un coup de fil, un numéro privé qui m'appelle. La personne se présente comme travaillant pour Deliveroo. Elle me dit que je n'aurais jamais dû faire ça, que ça faisait de la mauvaise pub pour Deliveroo, et raccroche. Trente minute plus tard, mon application était désactivé, et je ne pouvais plus travailler. Hier, 4 avril, j'ai reçu une lettre recommandée, m'informant que mon contrat était résilié pour "manquements graves"».

Dans cette lettre, publiée sur Twitter, on peut lire : «Nous avons constaté que vous avez manqué à plusieurs reprises vos obligations contractuelles, contrairement à ce qui est prévu à l'article 2.3 du contrat, notamment en n'accomplissant pas votre prestation avec courtoisie, diligence ainsi qu'avec tout le soin, l'attention et les efforts nécessaires à l'éxécution de votre prestation de service». Elle est signée Monsieur Elie de Moustier, qui a refusé de répondre à nos questions et nous a redirigé vers le service de presse de la marque.

De son côté le journaliste assure n'avoir rien à voir avec ce licenciement. Il raconte, sur Twitter, avoir contacté Deliveroo pour leur demander de faire supprimer ces tweets abusifs. Tout en ajoutant : «Je ne veux pas de sanctions contre ce livreur, je veux juste qu'il supprime cette publication».

Contactée par CheckNews, la direction de Deliveroo France confirme que le contrat du livreur a depuis été rompu, car le coursier avait partagé sur Twitter des données personnelles et confidentielles du journaliste.

De son côté, le syndicat Sud a publié un communiqué pour dénoncer un licenciement «abusif, sans aucune indemnité ni possibilité de recours pour le livreur». Le communiqué ajoute : «Nous dénonçons l'hypocrisie de Deliveroo dont l'application recueille les données personnelles des livreurs et des clients et qui utilise un faux motif pour virer un livreur connu pour se battre pour l'amélioration de nos conditions de travail».

Le coursier, âgé de 22 ans, qui travaillait pour Deliveroo depuis 2017, continue à livrer en vélo. Il travaille désormais pour Foodora.

Bien cordialement,

Robin A.