Question posée par Zacharie Jacques le 08/04/2018
Bonjour
Vous faites allusion à ce passage de l'émission de C Politique le 8 avril où Romain Goupil répond à une déclaration de Mélenchon raillant les ex-soixante-huitards devenus soutiens de Macron :
« Mélenchon il était à l'OCI, les lambertistes, et ils étaient contre mai 68. Ils nous traitaient de petits bourgeois merdeux, déjà à l'époque. Ils étaient contre, ils ont pas manifesté le 10 mai, et les premiers pavés qu'on lancés, c'est sur lui, c'est sur eux, c'est sur son groupe ».
Romain Goupil répond à <a href="https://twitter.com/JLMelenchon?ref_src=twsrc%5Etfw">@JLMelenchon</a> dans <a href="https://twitter.com/hashtag/CPolitique?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#CPolitique</a> "Mélenchon était contre Mai 68. Et maintenant il le veut faire. Mais sur quel idéal ? Il est démagogue, nationaliste, de droite. Et il est tout-à-fait d'accord avec Marine Le Pen sur toute une série de thèmes." <a href="https://t.co/eil1GBntXj">pic.twitter.com/eil1GBntXj</a>
Mélenchon était-il vraiment anti mai-68 ? Dans leur livre, Mélenchon le plébéien, publié en 2012 aux éditions Robert Laffont, les journalistes Lilian Alemagna (Libération) et Stéphane Alliès (Mediapart), racontent une autre histoire.
En mai 68, Mélenchon a 16 ans. Au moment où à Paris, les étudiants se mettent en grève, occupent la Sorbonne et affrontent, à coups de pavés, les CRS, le jeune Mélenchon est en première littéraire au lycée Rouget-de-Lisle de Lons-le-Saunier. A en croire les auteurs du livre, l'ambiance, dans cette petite ville de Franche-Comté, n'est pas la même que dans la capitale. «A Lons-le-Saunier, l'ambiance est radicalement opposée, très calme».
A l'exception, selon le livre toujours, d'un certain Jean-Luc Mélenchon. «L'étincelle, c'est lui», jure Patrick Elvézi, camarade de classe interrogé dans l'ouvrage. «C'est Jean-Luc Mélenchon qui nous dit : "Il faut qu'on fasse quelque chose". S'il n'avait pas été là, on n'aurait rien fait», raconte un autre.
Le livre développe :
« <em>En ces quelques semaines d'agitation, Jean-Luc Mélenchon se révèle dans l'action politique. Déjà leader, il se met très vite à fédérer les lycéens, prévoit des rencontres avec les professeurs, les syndicalistes, crée le Comité d'action lycéen (CAL) de Lons-le-Saunier. Une salle de la Maison des jeunes et de la culture qu'il fréquente avec ses amis est à leur disposition, avec une petite Ronéo à manivelle pour imprimer des tracts. Des manifestations sont organisées dans une ambiance plutôt bon enfant - même le fils du préfet, Emile Mac Grates, gêné, fait parfois partie des cortèges lycéens emmenés par la bande de potes de Mélenchon </em>».
Pour les deux auteurs, Lilian Alemagna et Stéphane Alliès, pas de doute : «A Lons-le-Saulnier, le meneur de 68, c'est Jean-Luc Mélenchon».
Dire, comme l'a fait Romain Goupil sur France 5, que Mélenchon était contre mai 68, semble donc compliqué, sinon complètement faux.
Reste une question : Mélenchon faisait-il partie de l'OCI à l'époque ? Même pas, répond Lilian Alemagna, interrogé par CheckNews. «Mélenchon, il était nulle part à l'époque. A son entrée en fac, au début des années 70 à Besançon, il entre ensuite à l'Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS), la section jeune de l'OCI. Avant de rejoindre l'UNEF, puis l'OCI en 1972».
La seule chose qui est vraie, c'est que l'OCI n'était pas du côté des manifestations en mai 1968 à Paris. Mais Mélenchon n'avait alors rien à y voir.
Bien cordialement,
Robin Andraca