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Est-ce vrai qu'un étudiant est dans le coma à Tolbiac après l'intervention policière?

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publié le 20 avril 2018 à 16h06

Question posée par Matthieu le 20/04/2018

Bonjour,

Vous avez été très nombreux à nous poser cette question. La préfecture de Paris a démenti à deux reprises cette information, qu'aucun syndicat ni les représentants des étudiants bloqueurs n'avaient été en mesure de confirmer dans la journée du 20 avril. Reporterre, premier média à avoir relayé l'information, continue de la confirmer. Le magazine en ligne affirme ce samedi matin que deux témoins directs auraient vu la scène, et un troisième aurait constaté un corps à terre. 

Dans un communiqué envoyé à 19h30, plusieurs heures après le début des rumeurs, la préfecture continue d'affirmer qu'«aucun blessé n'a été recensé sur cette opération.» Notant que «de nombreuses rumeurs» circulent sur les réseaux sociaux, elle explique avoir fait des recherches «auprès des services de secours (SAMU et BSPP) et des différentes unités de réanimation des hôpitaux du secteur.»

Il ressort de ces recherches :<br/> - qu'aucun blessé grave qui puisse être en lien avec cette opération d'évacuation n'a été hospitalisé dans les services de réanimation tant médicale que chirurgicale ou neurochirurgicale ;

- qu'à 6 h 11 un jeune homme a été conduit par la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière pour une douleur au coude ; l'intéressé a quitté l'établissement de lui-même à 7 h 30.

Que s'est-il passé? 

Le site de Tolbiac, occupé depuis trois semaines, a été évacué vendredi matin très tôt.

La préfecture de police a affirmé dans un communiqué que l'évacuation s'était déroulée «dans le calme et sans aucun incident».

Des éléments contestés par plusieurs étudiants, faisant état d'une évacuation violente et affirmant que des étudiants auraient été matraqués et trainés au sol.

A la mi-journée, des rumeurs commencent à circuler sur les réseaux sociaux: on entend d'abord qu'un étudiant serait mort, puis qu'il serait dans le coma.

Quarante-cinq minutes après ce premier tweet, la préfecture confirme son communiqué affirmant que l'évacuation s'est déroulée dans le calme. Elle est retweetée par Gérard Collomb.

Contactée alors par CheckNews, la préfecture dément qu'un étudiant ait été blessé. «Il n'y a eu aucun blessé», assure-t-elle.

L'université Paris I, dont dépend Tolbiac, explique elle aussi se fier aux informations de la préfecture. Et précise que «l'équipe de sécurité sur place lors des évacuations n'a vu aucun blessé, à part peut-être une entorse à la cheville.»

L'APHP, invoquant le secret médical, refuse de confirmer ou infirmer l'information.

La rumeur s'emballe à partir de 15h, quand le site d'information en ligne Reporterre publie un article affirmant qu'un étudiant serait grièvement blessé après être tombé d'un parapet:

Désiré*, présent depuis neuf jours, rapporte les détails de l'accident : <i>«<small> </small>On s'échappait par les toits, à l'arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC </i>[Brigade anti-criminalité]<i> étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ç'a l'a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles…<small> </small>»</i>

Peu après, Marianne reprend le témoignage d'une représentante de l'Unef à Tolbiac selon lequel un étudiant serait dans le coma. La secrétaire générale de l'Unef à Paris I, Samya Mokhtar, plus prudente, explique alors à CheckNews que l'organisation a bien «un témoignage selon lequel quelqu'un serait tombé sur la tête, mais on est en train de chercher pour savoir ce qui se passe. On ne l'a pas encore identifié.» Elle confirme que la personne aurait chuté en «voyant la police arriver. Elle aurait essayé de sauter et aurait été déstabilisée». Tout en restant au conditionnel.

Marianne change aussi le témoignage de cette représentante de l'Unef à Tolbiac, qui affirme finalement qu'il serait «grièvement blessé à la tête».

A 17H, Reporterre met à jour son article:

L'attaché de presse «officieux» de la Commune libre de Tolbiac tempère auprès de CheckNews: «On essaye désespérement de recouper les informations» mais note que «deux témoins oculaires» auraient assisté à la scène.

Reporterre remet à jour son article cinquante minutes plus tard:

Sud Santé Sociaux, également contacté par CheckNews, affirme aussi que c'est «le blackout total» et être en train de vérifier l'information auprès des hôpitaux parisiens. «Deux témoins disent avoir vu l'incident, mais l'on ne peut recouper les informations.»

A 19h30, dans un second communiqué, la préfecture dément une nouvelle fois ces affirmations et assure qu'il n'y a eu aucun blessé, ce que confirme aussi à CheckNews le ministère de l'Intérieur.

Reporterre de son côté continue de confirmer son information:

Samedi matin, Reporterre a publié un nouvel article, confirmant ses témoignages.

Samedi, en milieu de journée, l'APHP affirmait sur Twitter démentir "fermement les rumeurs selon lesquelles un blessé grave aurait été conduit dans l’un des services de l’AP-HP à la suite de l’évacuation de Tolbiac".

Cordialement,

Pauline Moullot

Mises à jour: - samedi 21 avril à 10H50 avec ajout du nouvel article de Reporterre

- samedi 21 avril à 19H avec ajout du tweet de l'APHP.

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