Question posée par le 07/05/2018
Bonjour,
Vous nous avez interpellé sur Twitter suite au comptage indépendant du nombre de manifestants présents à «la fête à Macron» organisée par le député insoumis François Ruffin samedi 5 mai.
Comme vous, plusieurs internautes ont ressorti un tweet de la société Occurrence, se félicitant de sa méthode de comptage et renvoyant vers un reportage de BFM de novembre dernier expliquant la méthode.
Un petit pas pour la #démocratie, un grand pas pour @enlOccurrence. Après des mois de travail avec @EURECAM, notre méthode de comptage des manifestations parfaitement résumée par @BFMTV. Merci aux médias d'avoir joué le jeu ! pic.twitter.com/4KSEly3YCY
— Occurrence (@enlOccurrence) November 17, 2017
Dans ce reportage, on voit en effet le responsable du comptage pour Occurrence expliquer que l'algorithme détecte les personnes franchissant une ligne imaginaire. Celles franchissant la ligne sont pointées par une flèche verte et décomptées, celles la traversant en sens inverse ne sont pas comptées et marquées par des flèches rouges. Or, dans cet extrait on constate en effet qu'un certain nombre de flèches rouges apparaissent alors que l'on voit clairement que personne ne franchit la ligne en sens inverse. Le cortège serait d'ailleurs trop dense pour cela.
Cela suffit-il pour autant pour semer le doute sur la fiabilité la méthode?
Non, explique le responsable du comptage Jocelyn Munoz.
Premièrement, car les flèches apparaissent à titre indicatif mais une flèche ne correspond pas forcément à une personne décomptée. Ce n'est donc pas parce que l'on voit six flèches rouges et deux flèches vertes que seules deux personnes ont été comptées et que six ne l'ont pas été, alors que l'on voit bien sur l'image que le nombre de personnes traversant cette ligne est bien plus important.
Deuxièmement, Occurrence (et les médias, y compris Libération, comme nous l'expliquions dans cette précédente réponse) est conscient des limites de l'algorithme. «C'est parce que l'on a n'a pas confiance à 100% dans l'algorithme que l'on recompte à la main». En effet, comme nous le racontions ici, la société effectue des micro-comptages à la main pour calculer la marge d'erreur de l'algorithme et rectifier son décompte.
Troisièmement, cette scène a été tournée en novembre dernier. La méthode de comptage était alors toujours en test. Sur cette manifestation du 16 novembre contre les ordonnances Pénicaud, des caméras de BFMTV placées au même endroit que les capteurs d'Occurrence avaient filmé en entier le passage du cortège et les journalistes avaient ensuite recompté à la main le nombre de manifestants sur l'ensemble du défilé. Résultat, le cabinet Occurrence, après redressement, avait décompté 8 700 participants, les journalistes du Monde, sur la base des images de BFM TV, en avaient recensé 8 300, et ceux de TF1 8 900. Soit des écarts de 3,4% et 2,2% entre le comptage du cabinet et les vérifications faites, a posteriori, par les journalistes.
Ce samedi 5 mai, suite aux six microcomptages réalisés à la main, le nombre de manifestants décomptés par les capteurs a été redressé de 14%. Au total, 38 900 personnes ont été dénombrées.
Cordialement,
Pauline Moullot