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Le traitement par Libération du conflit israelo-palestinien est-il influencé par la nationalité de son propriétaire, Patrick Drahi?

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publié le 16 mai 2018 à 12h46

Question posée par joekid le 15/05/2018

Bonjour,

Votre question a été reformulée pour la raccourcir. La voici en intégralité : «Le fait que Liberation soit la propriété du milliardaire franco israelien Patrick Drahi n'influence t'il pas son regard sur le drame palestino israelien ?»

Pour vous répondre, nous avons posé la question à la direction de Libération, qui indique qu'il n'y a jamais eu aucune influence de l'actionnaire sur les choix éditoriaux du journal, sur ce sujet comme sur les autres.

«Et s'il y en avait eu, elle n'aurait aucun effet» assure Laurent Joffrin, directeur de la rédaction, qui précise la ligne de Libé sur le conflit israélo-palestinien : «On est sur une ligne classique, qui est celle de la gauche israélienne,  de la plupart des diplomaties mondiales, dont la France et l'ONU. A  savoir que les Palestiniens puissent disposer d'un Etat. Et qu'Israël puisse vivre en sécurité à l'intérieur de frontières sûres et reconnues. Nous sommes en désaccord avec la droite israélienne, et le gouvernement de Netanyahou».

Christian Losson, chef du service international du journal, a aussi répondu à votre question : «Cela ne nous influence pas, d'aucune façon, sur notre manière de concevoir, de couvrir l'actualité. Déjà de manière générale en Israël dans les territoires occupés, et au delà de ça au Proche et au Moyen-Orient. Il faut avoir un regard critique, sans complaisance, sur n'importe quel gouvernement, à commencer par le gouvernement israélien, qui se retrouve au coeur des actualités au Proche-Orient».

Dans les choix éditoriaux récents, difficile de soupçonner Libé d'avoir dévié de cette ligne, sous pression de son actionnaire. Ce 14 mai, alors que 59 palestiniens, selon les derniers chiffres, viennent d'être tués par l'armée israélienne, en marge de l'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, Libé parle de «massacre» en Une du journal du lendemain. Et illustre cette journée par la photo d'un palestinien, blessé et secouru. Dans les pages intérireures, Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de la rédaction, pointe dans l'édito «les provocateurs» Donald Trump et Benyamin Nétanyahou «qui, en célébrant le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, actent symboliquement l'abandon du projet d'un Etat palestinien crédible».

Au sein du groupe Altice, plusieurs médias peuvent évidemment avoir des positions divergentes. En décembre dernier, Trump vient d'annoncer le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem. En une du journal daté du 8 décembre 2017, Libé titre : «Jérusalem au bord du gouffre».

Alors que le journal est accusé d'avoir dramatisé la situation, Alexandra Schwartzbrod est invitée sur le plateau de i24News, la chaîne israélienne de Patrick Drahi, et avait défendu le traitement du journal :

Les médias et le conflit israélo-palestinien

Photo recadrée de #Jérusalem en Une de #Libération, la directrice adjointe, Alexandra Schwartzbrod explique: "Cette photo nous a paru apaisante" ג'וליאן בהלול - Julien Bahloul

Posted by i24NEWS en Français on Sunday, December 10, 2017

«Est ce que finalement le titre "Jérusalem au bord du gouffre" n'était pas un peu raccoleur, compte tenu de la réalité ?», demande l'animateur.

Réponse, par téléphone, de la directrice adjointe du journal : «Ce n'était pas une manchette qui se voulait résumer une journée, un weekend ou même un mois. C'est une manchette qui voulait résumer le risque d'embrasement terrible qui risquait de se produire dans la région toute entière (...) En prenant une décision unilatérale, Donald Trump a mis le feu aux poudres. C'est tout ça que cette manchette voulait raconter».

La photo choisie par Libé ce jour-là, celle d'un vieil homme palestinien qui pose sa main sur l'arme d'une soldate israélienne, fait aussi polémique. On reproche au journal d'avoir zoomé à l'intérieur de cette photo, pour la rendre plus tragique. Le plan large de la photo est disponible sur notre site. On y voit, en fond, plusieurs personnes circuler dans la vieille ville de Jérusalem. Parmi eux, un enfant.

Interrogée par l'animateur d'i24 sur le choix de cette photo, Alexandra Schwartzbrod avait eu la réponse suivante : «La photo que nous avons choisie nous a paru plutôt apaisante parce que le vieillard qui baissait le fusil de cette soldate met sa main sur cette arme dans un geste d'apaisement. Nous l'avons trouvé apaisante et c'est exactement dans cette optique-là que nous l'avons choisie».

Cordialement,

Robin Andraca