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L'opposition a-t-elle vraiment été interdite à l'élection présidentielle vénézuélienne ?

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publié le 23 mai 2018 à 8h29

Question posée par le 23/05/2018

Bonjour,

Le 20 mai, Nicolas Maduro a été réélu président du Venezuela, pour un mandat de six ans, avec près de 68% des scrutins exprimés. Son principal adversaire, Henri Falcon (Avanzada progresista), n'a obtenu qu'un peu plus de 21% des votes dans les urnes. Viennent ensuite le pasteur Javier Bertucci (Ezperanza por el cambio) et plus marginalement Reinaldo Quijada (Unidad politica popular 89).

Nicolas Maduro avait donc des compétiteurs – trois anciens chavistes – dans la course à la fonction suprême. Mais les principaux partis d'opposition (de droite) ont pour leur part boycotté l'élection présidentielle, jugée inéquitable.

Primero Justicia, le parti de l'ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles a par exemple déclaré: «Nous n'aiderons par une dictature qui ne cherche qu'à se maintenir aux dépends de la souffrance du peuple vénézuélien.» Capriles a été privé de droits politiques pour 15 ans en avril 2017 pour des irrégularités survenus quand il était gouverneur de l'Etat de Miranda.

Voluntad popular avait également appelé à boycotter un scrutin «qui a pour but de légitimer la dictature», selon un des députés de ce parti d'opposition. Leopoldo Lopez, le patron de VP, a été condamné à plusieurs années de prison, notamment pour conspiration ou incitation à la violence. Il avait été arrêté en même temps qu'un autre opposant, Antonio Ledezma. Si ce dernier a aujourd'hui fui pour l'Espagne, Lopez, est toujours en résidence surveillée au Venezuela – certains opposants de Maduro le qualifiant donc de «prisonnier politique».

Ces boycots sont aussi dus, comme vous l'expliquait CheckNews il y a quelques semaines, à la décision du Tribunal suprême défavorable à la Table d'unité démocratique, la MUD, dont Primer Justicia et Voluntad popular sont membres. En substance, la justice a interdit qu'une coalition de partis (comme la MUD) puisse présenter un candidat unique. Le mot d'ordre de la coalition – auquel a désobéi Henri Falcon, arrivé deuxième de la présidentielle et dont le parti est membre – a donc été de boycotter l'élection.

En résumé : il n'y a pas eu d'interdiction formelle de l'opposition. Pour autant, les principaux opposants ont été condamnés, ce qui a rendu impossible leur participation à la présidentielle. Par ailleurs, la principale coalition d'opposition, dans l'impossibilité de présenter un candidat unique, a décidé de boycotter l'élection. 

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