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Pourquoi la Chine n'est pas au G7 ? (et autres questions)

Parce que l'organisation a été créée par les pays occidentaux, dans les années 1970. Et à cause de la guerre en Ukraine, la Russie n'y est plus non plus.
La chancelière Angela Merkel et le président Barack Obama lors du sommet du G7 près de Garmisch-Partenkirchen en Allemagne en juin 2015. (Photo Michael Kappeler. Reuters)
publié le 12 juin 2018 à 11h10

Questions posées par Muhamadu, Théo et Eric

Bonjour,

Les 9 et 10 juin se tenait à Charlevoix au Canada le sommet du G7, une rencontre du groupe des sept plus grandes puissances économiques, parmi les pays dits «développés» : Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni. Vous avez été nombreux à nous interroger, et nous répondons à toutes vos questions.

Pourquoi la Russie n’y est pas ?

Avant le G7, il y avait le G6. Son histoire commence au château de Rambouillet, en France, en 1975. S’y rencontrent les responsables français, états-uniens, britanniques, japonais, allemands, et italiens.

En 1976, le Canada est lui aussi invité, on passe donc au G7 tel qu'on le connaît aujourd'hui. L'exercice se répète depuis chaque année, à l'été ou au printemps, et un des pays membres (qui a la présidence du groupe), accueille la rencontre. La liste des sommets ainsi que des informations à propos de chacun d'entre eux sont disponibles sur le site consacré au sujet de l'Université de Toronto.

À partir de 1991, les Russes entrent progressivement dans le cercle des happy fews. Ils deviennent membre de plein droit en 1998. En 2014, c'est au tour de Sotchi, en Russie de recevoir le G8. Mais ce sommet n'aura jamais lieu : au début de l'année, l'invasion par les Russes de la Crimée, au sud de l'Ukraine refroidit les partenaires occidentaux. Le sommet est finalement organisé à Bruxelles (et l'annexion de la Crimée est un sujet central des discussions).

Depuis 2014, Moscou n'est plus convié, et le G8 est (re)devenu G7. Les Russes réintégreront-ils la réunion ? Rien n'est moins sûr. En marge du G7 de Charlevoix, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov assure que Moscou n'a «jamais demandé à revenir». Le ton est le même que celui du Premier ministre russe Dmitri Medvedev, début 2017.

Pourquoi abandonner le G7 ? Pour lui préférer le G20, répondent en chœur les dignitaires russes. Un «Groupe de 20» moins tourné vers l'Occident. Par exemple, la Turquie, l'Afrique du Sud, le Brésil ou l'Inde en font partie. Un format plus large, et «plus prometteur pour l'avenir», estime Lavrov.

Pourquoi pas la Chine ?

Vieux de plus de quarante ans, le G7/G8 a été pensé à une époque où l’Occident était en guerre contre l’est communiste (et avait colonisé une bonne partie de l’Afrique). C’est pour cela que la Chine n’en était pas membre. D’autant qu’elle n’était pas encore, dans les années 1970, la puissance économique que l’on connaît aujourd’hui.

On l'a vu, il a fallu attendre la fin de la guerre froide pour que la Russie soit invitée. C'est d'ailleurs pour pallier la multipolarisation des relations internationales et l'apparition de nouvelles puissances que le G20 a été crée. Sur le site du Groupe des 20, on lit qu'il est né «d'une rencontre des ministres de la finance du G7 et des directeurs des banques centrales en 1999, qui ont réalisé la nécessité d'un groupe plus inclusif, avec une meilleure représentation, pour avoir plus de force dans la manière de traiter les défis financiers».

Si l’on s’en fie aux chiffres de l’organisation, ces 19 pays plus l’Union européenne représentent 66% de la population mondiale, et 85% de la production économique.

Et l’UE n’est pas comptée parmi les 7 ?

Les représentants de la Communauté économique européenne (CEE), devenue ensuite l'Union européenne, participent aux rencontres à partir du troisième sommet, en 1977. Si elle est représentée par le président du Conseil et celui de la Commission (aujourd'hui respectivement Donald Tusk et Jean-Claude Juncker), l'UE n'est pas membre à proprement parler de l'organisation.

L'Union européenne dispose d'un «statut spécial». Si certains analystes parlent d'un «membre collectif» (au vu de sa capacité à peser sur les discussions), elle n'a pas pour autant de place [«chair»] en tant que telle. Elle n'a par exemple jamais obtenu la présidence tournante de l'organisation, même si le sommet a déjà été accueilli à Bruxelles, en 2014, au moment de l'exclusion de la Russie. Toutefois, cela n'empêche pas l'Union européenne de prendre part aux sessions de travail du G7, et a été «progressivement intégrée dans les discussions politiques», lit-on sur le site de la Commission.