Question posée par Sabrina le 05/09/2018
Bonjour,
Nous avons raccourci votre question, qui était à l'origine : «Les éditions Ring prétendent que Marsault a fait l'objet d'un projet d'agression par des antifas visant à lui trancher les mains ou les briser à la masse. Est-ce vrai ou est-ce juste un coup de com pour la sortie de sa nouvelle BD ?»
C'est en effet ce qu'affirment sur Facebook les éditions Ring, dont Libération a déjà documenté les accointances avec l'extrême droite, dans un post publié le 5 septembre dernier. Ce message concernait l'un de leurs plus célèbres auteurs, Marsault, dont la nouvelle BD sortait le lendemain.
«<em>Vous devez savoir que des antifas ont eu le projet bien réel d'intercepter Marsault avant son arrivée à la librairie ou d'entrer en force et en nombre sur le lieu de la dédicace, de le maîtriser et de lui TRANCHER LES MAINS pour qu'il ne puisse plus jamais dessiner. Si cette boucherie échouait, le plan B était de détruire les mains de Marsault À LA MASSE. Information qui nous a été divulguée par l'appel anonyme d'un antifa qui était prévu sur le raid ce jour-là, qui a refusé de participer à ce massacre et qui a décidé de nous en informer. Ce projet barbare nous a été CONFIRMÉ par les forces de l'ordre dans l'après-midi du 7 avril, veille de l'événement, d'où la présence massive de CRS ce jour-là et de douze agents en civil dans la librairie lors de la dédicace (pour assurer sa protection à l'intérieur).</em>»
Ce communiqué s'inscrit dans un contexte particulier : l'annulation la semaine précédente, après une vive polémique sur les réseaux sociaux, d'une exposition des dessins de Marsault, dont la provocation d'ultra droite est le fonds de commerce depuis des années.
Le 29 août, sur son compte Facebook, dans un post supprimé depuis, il demandait ainsi à ses abonnés de choisir entre Macron et Hitler, en faisant référence à la prestation des danseurs de Kiddy Smile à l'Elysée pour la fête de la musique (et en faisant abstraction des «horribles crimes de masse commis par le troisième Reich»).
«<em>Vous préférez un chancelier qui promeut le sport, le gigantisme architectural en pierre de taille, les aigles en marbre de 20 mètres de haut et la musique de Wagner, ou un président qui invite des travelos en shorty/bas résille dandiner du cul sur de la techno devant les marches de l'Elysée ?</em>»
Capture d'écran du compte de Marsault
Mais revenons à votre question : des militants antifascistes avaient-ils pour projet de couper les mains de Marsault, voire de les «détruire à coup de masse» lors d'une séance de dédicace à Nantes en avril 2017 ? C'est ce qu'affirme son éditeur, ajoutant une «présence massive de CRS ce jour-là et de douze agents en civil dans la librairie».
Contacté par CheckNews, le responsable de la librairie en question, Story BD, revoit les chiffres à la baisse : «Il y avait effectivement deux fourgons de CRS, et au maximum huit CRS, devant la boutique pendant la dédicace. En revanche, il n'y avait aucun policier dans librairie.» Il assure également n'avoir jamais entendu parler des menaces évoquées par les éditions Ring. Mais n'a pas pu louper les affiches collées sur les vitres de sa librairie avant la venue de Marsault. Sur ces dessins, postés par le collectif antifasciste Nocir sur Facebook, le 8 avril 2017, on voyait Marsault à terre. Au-dessus de lui, une femme tenant les testicules du dessinateur dans une main. Et le message suivant : «Marsault dégage ! Les virilistes et les racistes ne sont pas les bienvenus à Nantes».
Photo postée sur le compte Facebook du collectif Nocir
Contactée par CheckNews, la préfecture de Nantes n'est pas très bavarde sur le sujet. Elle confirme «la mise en place d'un service d'ordre en charge de la protection de la librairie et du dessinateur Marsault lors de la dédicace du 8 avril 2017 dans une librairie de Nantes». Mais refuse d'en dire plus sur la nature des menaces.
Cordialement