Question posée par Christophe DIONET le 13/09/2018
Bonjour,
Nous avons dû résumer votre question qui portait sur les récents scandales en Espagne.
Une polémique enfle en ce moment en Espagne au sujet du plagiat ou de l'illégalité de thèses de master ou de doctorat :
- Carmen Monton, Ministre de la Santé, vient de démissionner (mardi 11 septembre 2018), accusée d'avoir plagié Wikipédia pour sa thèse de fin de master obtenue à l'université Royale Juan Carlos).
- Cristina Cifuentes, la présidente conservatrice de la région de Madrid, a démissionné en avril, suite à l'accusation d'avoir obtenu de manière frauduleuse son master en droit public dans la même université.
- Pablo Casado, nouveau président du Parti populaire, a reconnu avoir obtenu de la même université un diplôme de master de droit des régions, mais est soupçonné de ne pas avoir passé d'examen ni assisté aux cours.
- Pedro Sanchez, l'actuel président du gouvernement d'Espagne, a été accusé de plagiat pour sa thèse de doctorat par le quotidien de droite ABC qui fait sa une aujourd'hui 13 septembre 2018 sur ces accusations de plagiat et titre son article «le copier-coller du Dr Sanchez. Lors des questions au gouvernement, le leader du parti de centre-droit Ciudadanos Albert Rivera a appelé hier Pedro Sanchez à publier sa thèse.
Ce genre de polémique existe-t-il en France ?
En France, le doctorat n'a pas le même poids que dans le reste du monde. Sa reconnaissance comme plus haut diplôme de l'enseignement supérieur commence à peine dans les entreprises et dans la fonction publique. Ainsi, le premier gouvernement Macron ne comportait que trois titulaires d'un doctorat. Les attaques pour plagiat de thèse sont donc rares.
L'affaire qui ressemble le plus à ce que vous évoquez est celle concernant Jean-Christophe Cambadélis, que Laurent Mauduit, cofondateur de Mediapart, accusait, en 2014, d'avoir «fabriqué un faux diplôme» afin de s'inscrire en doctorat et d'avoir soutenu une thèse «très médiocre». L'intéressé dément et restera premier secrétaire du parti socialiste jusqu'en 2017.
Des polémiques, pas de démission
Les autres polémiques sur les diplômes des personnalités politiques portent aussi sur des diplômes non obtenus. Elles ont pour point commun de ne jamais déboucher sur une démission.
Les exemples sont légion mais l'attaque n'est pas toujours justifiée. Ainsi Nicolas Sarkozy est bien titulaire d'un DEA en sciences politiques de l'université de Nanterre (malgré de fausses accusations), mais il n'est pas diplômé de Sciences-Po Paris (contrairement à ce qu'affirmait la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui l'invitait à donner une conférence en 2013).
Ce dernier point est intéressant. Dans de nombreuses biographies (officielles ou non), une confusion existe entre le suivi des cours dans une école et le diplôme de cette école. Ainsi, en 2016, Bruno Le Roux alors ministre de l'Intérieur avait été épinglé pour se déclarer «ancien élève» d'HEC et l'Essec alors qu'il est titulaire d'un DEA de l'université de Nanterre… en partenariat avec HEC et l'Essec.
Christiane Taubira et Rachida Dati, lors de leur passage au ministère de la Justice (respectivement en 2012 et 2007), ont elles aussi essuyé leur lot de polémiques plus ou moins fondées et résumées ici pour la première et là pour la seconde. La première citée avait par exemple été accusée de laisser croire indûment qu'elle était titulaire de doctorats… et avait répondu qu'elle ne les avait jamais revendiqués.
Le privé aussi touché
Le problème n'est évidemment pas restreint au milieu politique. Architecture, enseignement supérieur, banque, tous les secteurs peuvent être touchés. En 2012, Jean-Philippe Gaillard, ancien directeur de l'aéroport de Limoges, avait été condamné pour avoir menti sur son CV, notamment sur un diplôme d'aéronautique. Lui, en revanche, avait quitté son poste.
Cordialement.