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Fait-il noir dans l’espace ?

Check News a posé la question à quelqu’un qui a pu l’observer de ses propres yeux. Résultat : même si la galaxie est composée d’une infinité d’étoiles, l’obscurité prédomine (sans être totale).
Photo fournie par l'Agence Spatiale Européenne le 3 juillet 2012 provenant du télescope spatial Hubble de la Nasa (AFP)
publié le 20 septembre 2018 à 15h19

Question posée par Claire le 15/05/2018

Bonjour,

Votre question a été raccourcie. La voici en intégralité : «Est-ce qu'il fait noir dans l'espace ? Par exemple, si je regarde mes mains, arriverai-je à les distinguer ?»

Pour répondre à votre interrogation, nous avons sollicité quelqu'un qui a pu l'observer de ses propres yeux. L'astronaute Jean-François Clervoy a effectué trois séjours dans l'espace pour la NASA entre 1985 et 1992. D'après lui, il fait noir dans l'espace. Seulement, la perception de l'obscurité varie selon les conditions d'observation.

Il explique à Check News : «Lorsqu'on travaille dans l'habitacle éclairé du vaisseau spatial et que l'on regarde dans le hublot, le ciel est noir. On aperçoit la Terre, le Soleil, la Lune… Le reste, c'est le néant.» À l'inverse si l'astronaute se met dans un noir total à l'intérieur du cockpit, qu'il éteint toutes les lumières parasites comme les écrans d'ordinateurs et qu'il change l'orientation de son vaisseau de sorte à ce que, ni la Terre ni le Soleil, ne l'éclairent, alors: «Les bâtonnets de notre œil, ces cellules de la rétine destinées à la vision nocturne, s'activent. La pupille s'adapte et s'ouvre progressivement. Au bout d'une dizaine de minutes, le ciel devient tapissé d'étoiles.» D'après Jean-François Clervoy, ces astres qui se distinguent en fonction de leur température forment un «spectacle magnifique».

Paradoxe d’Olbers

Les observations de l'astronaute sont confirmées par Jean-Luc Dauvergne, journaliste scientifique à la revue Ciel et Espace et membre de l'Association Française d'Astronomie (AFA). Il assure : «Sur Terre, lorsqu'il fait nuit et que le ciel est dégagé, nous pouvons distinguer nos mains très faiblement éclairées par la lueur des étoiles et de la Voie Lactée. Dans l'espace cette faible lueur est encore mieux visible car la lumière des étoiles n'est pas absorbée par l'atmosphère.»

Mais si l'obscurité n'est donc pas «totale», il fait donc continuellement sombre dans l'espace. Ce qui constitue un paradoxe : la galaxie est composée d'une infinité d'étoiles qui éclairent quelle que soit la distance qui les sépare de l'observateur. Logiquement, le ciel devrait donc être continuellement «éclairé». Ce paradoxe est connu sous le nom d'Olbers, du nom d'un astronome allemand qui l'a démontré en 1823 : si l'Univers était infini, l'espace devrait être entièrement éclairé car nos yeux finiraient toujours par tomber sur une ou plusieurs étoiles. Il s'agirait d'une conséquence du Big Bang selon Jean-Luc Dauvergne : «Le Big Bang constituait une barrière physique, où l'univers était tellement dense que la lumière ne pouvait pas circuler.»

En espérant vous avoir éclairé.

Cordialement,

Esther Paolini

Cet article a été réalisé dans le cadre d'un partenariat avec le CFPJ pour le journal d'application de la promotion 46.