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Macron refuse-t-il vraiment de commémorer la victoire de 1918 ?

1918, cent ans aprèsdossier
L'annonce de l'Elysée affirmant qu'il n'y aurait pas de défilé militaire pour le 11 Novembre a été interprété par certains comme un «refus de commémoration». La présidence dénonce une «caricature».
Place de l'Etoile le 11 novembre 2016. Cérémonies commémoratives de l'Armistice du 11 novembre 1918. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 24 octobre 2018 à 18h39

Question posée par Moreau le 23/10/2018

Bonjour,

Nous avons reformulé votre question, la voici en intégralité: «Merci de vérifier les propos du président Macron. Une rumeur circule qu'il ne veut pas célébrer la victoire de 1918. Alors que d'après d'autres sources, il ne veut pas réduire la commémoration à un simple défilé militaire et à une glorification de l'armée. Merci de votre réponse.»

Vous faites référence à une information publiée la semaine dernière dans L'Opinion, et reprise depuis par de nombreux médias. Dans un post de blog intitulé «11 novembre : l'Elysée ne veut pas une commémoration «trop militaire», le journaliste spécialisé en défense Jean-Dominique Merchet écrit:

«Le sens de cette commémoration, ce n'est pas de célébrer la victoire de 1918. Il n'y aura pas de défilé ou de parade militaires», indique-t-on à l'Elysée, où l'on refuse «une expression trop militaire». On précise que cela a été négocié avec l'Allemagne, la chancelière Merkel étant une invitée de marque des cérémonies.

Depuis, ces propos attribués à l'Elysée ont fait réagir. Dans le Figaro Vox, l'ancien colonel Michel Goya a regretté ce «refus d'évoquer la victoire». Le site d'extrême droite «Boulevard Voltaire» va même encore plus loin, en titrant : «Macron veut célébrer sa propre gloire plus que l'armée française».

Marine Le Pen est entrée dans la brèche, tweetant une photo d'une silhouette de poilu, à terre, et l'associant à un «refus de commémorer le centenaire de la Victoire de 1918 et le sacrifice de nos Poilus» de la part d'Emmanuel Macron.

Vous nous demandez ce qu’a vraiment dit Emmanuel Macron sur ces commémorations. Le président en personne ne s’est pas exprimé. Ces propos ont été tenus lors d’un point presse organisé à l’Elysée par plusieurs de ses conseillers. Comme c’est le cas régulièrement lors de ces briefings, c’est donc l’Elysée qui est cité par les journalistes pour tous les propos tenus ce jour-là. De nombreux autres journalistes étaient d’ailleurs présents, mais n’ont pas, à ce moment-là, mentionné cette information.

Contacté par CheckNews, l'Elysée confirme ces propos tenus lors d'un brief «très long» et dans un «contexte précis». «Dire qu'on ne va pas célébrer la victoire militaire de 1918, c'est une caricature».

La présidence met en avant «l'itinérance» d'Emmanuel Macron, qui parcourra les lieux les plus emblématiques de la première guerre mondiale pendant cinq jours avant le 11 novembre. Et célébrera ainsi la mémoire de 14-18. Une cérémonie aux Invalides sera organisée (sans la présence du président), pour célébrer les grands maréchaux, ainsi qu'une autre à l'Arc de Triomphe, en compagnie d'une soixantaine de chefs d'Etat.

Mais il est vrai que, contrairement à ce qui avait été imaginé au départ, il n'y aura pas de défilé militaire. «Le 14 juillet 1919, il y a eu sur les Champs Elysées le défilé de la Victoire, une humiliation pour les Allemands. Les Allemands nous ont demandé de ne pas refaire ce genre de défilé, qui aurait ressemblé à une répétition de 1919 et cela nous a semblé de bon sens. On ne va pas leur imposer une réédition du triomphalisme de ces années-là, qui ne colle pas du tout avec la relation que l'on a avec l'Allemagne aujourd'hui. On préfère célébrer l'armistice sous l'angle de la paix main dans la main avec l'Allemagne, que la réconciliation l'emporte», ajoute l'Elysée.

La présidence précise toutefois que des militaires seront présents lors de ces cérémonies de commémoration. Comme lors des années précédentes. «La mémoire du premier conflit mondial mérite mieux que des polémiques de cette nature», conclut l'Elysée.

Cordialement

Mise à jour jeudi 25 octobre: correction sur le défilé de la victoire du 14 juillet 1919