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Peut-on vraiment parler d'une nouvelle «affaire» Garrido-Corbière ?

Pour la deuxième fois, le couple d'insoumis fait l'objet d'une polémique sur son logement. Et pour la deuxième fois, il n'y a rien d'illégal.
Alexis Corbière, porte-parole de La France insoumise, en février 2015. (Photo Miguel Medina. AFP)
publié le 31 octobre 2018 à 12h20

Question posée par Pierre le 30/10/2018

Bonjour,

Coup de tonnerre ou pétard mouillé ? Le mardi 30 octobre, le Canard Enchaîné assure sur Twitter que le député La France insoumise Alexis Corbière «a fait financer ses travaux immobiliers avec les fonds destinés aux ménages très modestes».

Toutefois, si l'on se fie au Canard, tout est «parfaitement légal». Le couple formé par l'ex-porte-parole de LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière a fait refaire sa maison pour environ 20 000 euros en 2018. Plus de la moitié a été financée par l'Agence nationale de l'habitat.

Sur son site, l'Anah précise les conditions d'attribution de cette aide, qui peut atteindre 50% du montant des travaux hors taxe. Auxquels peut s'ajouter une prime «Habiter mieux» de 10% du prix des travaux HT, dans la limite de 2000 euros, s'ils permettent une meilleure isolation.

Ce cas de figure n'est possible que dans le cas de «ménages aux ressources très modestes», lit-on sur le site de l'Anah. Ce qui peut surprendre, insiste le Canard, puisque Corbière est depuis l'année dernière député, et Garrido chroniqueuse télé. «A l'appui de leur demande, [ils] déclarent des revenus antérieurs sans rapport avec les actuelles indemnités parlementaires de monsieur et les salaires de chroniqueuse télé de madame. Avec 37451 euros de revenu fiscal de référence ils entrent dans la catégorie des personnes "très modestes" […] Pour avoir le droit aux subventions, nos deux dégourdis ont joué sur le calendrier fiscal en déposant leur demande trois mois avant que les chiffres de 2017 soient communiqués par l'administration fiscale», poursuite le palmipède.

Démenti et précédent

Si toutes les informations du Canard sont confirmées par le député La France insoumise, celui-ci réfute le caractère intentionnel de ce que le journal qualifie de «tour de passe-passe». Dans un communiqué, il répond à l'article.

L'Anah m'a demandé, comme elle le fait avec les 60 000 autres personnes qui s'inscrivent chaque année dans ce dispositif, de lui indiquer le revenu fiscal de référence de mon foyer figurant sur notre dernier avis d'imposition. Ce chiffre était alors de 37451 euros, bien inférieur aux plafonds de l'Anah. Il se trouve en outre qu'un ménage composé d'un couple et de trois enfants est classé par l'Anah comme «très modeste» lorsque son revenu fiscal de référence est inférieur à 47 279 euros […] Les travaux ont été rendus indispensables par un grave incendie à mon domicile en février 2018 […]

Et de conclure que «c'est la loi, et strictement la loi, qui a été appliquée pour l'étude de [s]a demande de subvention.»

Notons que cette polémique n'est pas la première concernant le logement du couple. Début 2017, Désintox (l'ancêtre de CheckNews) faisait le point sur le HLM qu'il occupait dans le XIIe arrondissement de la capitale. Là non plus, rien d'illégal, y compris du point de vue de la régie immobilière de la ville de Paris. Même si la RIVP avait fini par envoyer un courrier, il y a un an, au couple pour qu'il quitte le HLM. Ce qu'il a fait.

Mise à jour le 7 novembre :  Le Canard de la semaine suivante consacre un nouveau papier au sujet, écrivant notamment que «un responsable de l'Anah le confirme : le cas Corbière est une première. Jamais auparavant, un parlementaire n'avait osé demander une aide de ce type. [...] A l'en croire, [la subvention] aurait même pu être refusée si la personne chargée d'étudier le dossier Garrido-Corbière l'avait examiné de plus près. Et avait réalisé qu'il émanait de vedette de la politique dont les revenus n'avaient plus rien à voir avec ceux figurant sur leur demande.»