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Un homme a-t-il été interrogé par la DGSE après un quiproquo lors d’un appel téléphonique dans un bus ?

Le fondateur d’une start up affirme sur un blog avoir été arrêté à Paris après un coup de téléphone à une collègue où il parlait de «convertis» et de «cibles». Contacté par CheckNews, l’entrepreneur parle d’une «opération de marketing».
Capture d'écran (DR)
publié le 5 novembre 2018 à 19h33
(mis à jour le 6 novembre 2018 à 9h23)

Question posée par Neil le 05/11/2018

Bonjour,

Votre question fait référence à une étonnante histoire, devenue virale, racontée sur la plateforme de blogs Medium, par le fondateur d’une start-up, XX(1). Ce dernier raconte avoir été interrogé par la DGSE suite à un quiproquo. Selon son récit, XX rentre du travail, dans le 5e arrondissement parisien, le 18 octobre, vers 19h30 et emprunte le Bus 86. Il reçoit alors un coup de fil de la future stagiaire de l’entreprise, Leila, qui doit s’occuper du marketing.

L’échange est ainsi retranscrit dans son récit :

Moi : «Leila, tu es entièrement libre d’utiliser la méthode que tu veux, quant à moi je regarderai le nombre de personnes que tu convertis chaque semaine»

Leila «Mais il y’a des choses qu’on pourrait voir au premier voire deuxième trimestre 2019, ça serait mieux non ?»

Moi : «On n’a pas énormément de fond Leila, il faut être rapide, il faut frapper fort, il faut être radical»

Les personnes situées autour de moi ont commencé à être bien plus silencieuses, ce qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais non je continue la discussion, pressé de finir le point téléphonique.

Leila : «Nous pourrions mettre en place une stratégie Facebook pour cibler énormément de monde et les faire venir sur notre site internet t’en penses quoi ?»

Moi : «Tu sais, c’est important qu’on target une cible bien précise»

[…]

Moi : «Tu pourrais re-regarder les vidéos d’Oussama, lui il a tout compris»

Yassine précise que le Oussama en question est Oussama Ammar, co-fondateur de TheFamily.

Quatre stations plus loin, l'entrepreneur raconte que le chauffeur invite les passagers à descendre. «Soudain 3 militaires m'immobilisent au sol devant tous les passagers. Mon téléphone portable, ma sacoche contenant mon pc ainsi que mes papiers me sont saisis et je suis fouillé. Direction le commissariat.» S'ensuit un interrogatoire, où les policiers l'interrogeront sur l'échange téléphonique passé dans le bus. Yassine raconte ensuite être passé entre les mains d'un agent de la DGSE, qui, d'abord soupçonneux, a fini par comprendre l'ampleur du quiproquo. L'homme affirme avoir été libéré 4 heures plus tard. La suite de l'article est une promotion pour son entreprise, qui vend des dispositifs publicitaires.

De nombreux internautes ont mis en doute de la véracité de son récit. Le premier point tient à l'incongruité de la présence d'un agent de la DGSE dans le récit, ce service étant un service extérieur. «A la limite, dans un cas comme celui-ci, si un individu interpellé est classé dans le haut du spectre (en matière de radicalisation), on peut imaginer voir intervenir un agent de la DGSI ou des renseignements de la préfecture de police», expliquait à Checknews une source du renseignement, qui ne cachait pas son scepticisme.

Contactée par Checknews, la préfecture de Paris se disait dans l'impossibilité de confirmer ou d'infirmer, sans avoir plus de détails, notamment le commissariat dans lequel l'homme prétend avoir été entendu.

Checknews a finalement réussi à joindre XX, qui a confié que l’histoire était une «opération marketing». Il refuse toutefois de «rentrer dans le détail de ce qui est vrai ou faux». «La question n’est pas là», assure-t-il.

En résumé : il est avéré, de l’aveu même de l’auteur du récit, que ce dernier est une opération de communication. Aucun élément ne permet d’accréditer les faits rapportés.


(1) Cette personne a choisi de rester anonyme.