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Est-ce vrai qu'une heure de SMIC permettait de faire 30km en 1973, et permet d'en faire 134 aujourd'hui?

L'argument, issu des travaux d'un économiste, est parfois utilisé par les détracteurs du mouvement du 17 novembre. Mais les choses sont un peu plus complexes.
Photo prise le 1er novembre 1976 sur l'autoroute du sud en direction de Paris où la circulation automobile est dense malgré les appels des autorités pour l'étalement des retours des vacances de la Toussaint. (Photo by AFP) (AFP)
publié le 13 novembre 2018 à 10h50

Question posée par Jacques le 12/11/2018

Bonjour, votre question a été raccourcie. La voici en intégralité : «Une information circule beaucoup sur facebook disant qu'en 1973 une heure de Smic permettait de rouler 30km alors qu'en 2018, cette même heure permet de rouler 134km. Avez-vous un moment pour vérifier ces calculs?»

Vous faites allusion à ce post qui circule sur les réseaux sociaux :

Cet argumentaire, largement relayé dans les médias ces derniers jours, et utilisé par certains militants de la majorité pour contester la légitimité du mouvement du 17 novembre, est une actualisation des travaux de l' économiste Yves Crozet. Voilà ce qu'il expliquait dans une étude récente, consacrée à l' «hypermobilité» qui caractérise selon lui la société actuelle :

«En monnaie courante, le salaire minimum a progressé beaucoup plus vite que le prix du litre d’essence. Les chocs pétroliers ont été absorbés. En une heure de travail, le pouvoir d’achat en termes de litre d’essence a plus que doublé, de 3 à presque 7 litres. Comme la consommation unitaire des véhicules a été presque divisée par 2, le pouvoir d’achat a quadruplé. En termes réels, le prix des voitures a également diminué : presque 2 000 heures de travail d’un smicard étaient nécessaires pour acheter une petite voiture à la fin des années 1960, c’est deux fois moins aujourd’hui.» 

Bref, il est indéniable que l’essence, la voiture, et donc le déplacement est moins cher aujourd’hui.

Mais le poids des carburants dans la consommation des ménages est relativement stable

Mais Yves Crozet ajoute aussi que «la vitesse de l'automobile, alliée à la baisse de son prix relatif, a débouché sur une dilatation des aires d'attraction doublée d'une intensification des modes de vie.» Le taux d'équipement automobile a augmenté, la vie s'étant organisé autour de la voiture, l'espace s'est dilaté. Les Français, en conséquence, roulent davantage, et sont plus dépendants de la voiture. La distance parcourue a ainsi plus que doublé depuis les années 70.

L’un dans l’autre, le poids de la dépense de carburant dans la consommation des Français est ainsi resté relativement stable, comme en témoignent les données de l’Insee. En 1973, il était de 3,8%. Soit une valeur proche de celle de 2012 (3,7%). Après avoir atteint un minimum en 2016 (2,9%), le pourcentage remonte depuis. Il était de 3,1% en 2017, et devrait, selon l’Insee, être supérieur en 2018, en raison de la hausse des prix du carburant, même s’il n’y a pas encore de chiffre.

Cordialement