Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

«Libé» a-t-il fait du publi-reportage caché pour «Red Dead Redemption 2» ?

Pas du tout. «Libé» a juste consacré sa Une et un certain nombre de pages à un jeu qu'il juge «important culturellement. »
publié le 13 novembre 2018 à 15h10

Question posée par Paul le 10/11/2018

Bonjour,

Nous avons raccourci et reformulé votre question, qui était à l'origine : «Bonjour, la lecture de libé ce matin où une page est consacrée au jeu vidéo red dead redemption 2 me rappelle que je voulais demander à CheckNews s'il existait des liens d'intérêt quelconques qui avaient pu justifier que la Une du 25 octobre et les 5 premières pages de Libé soient consacrées à ce jeu ? Quelqu'en soit la popularité est-il compréhensible qu'un quotidien d'information consacre à ce jour 7 pleines pages en 3 semaines à un jeu vidéo à peine sorti ? N'est ce pas une opération promotionnelle ? Un publireportage qui n'annonce pas sa couleur ?».

En trois semaines, Libération a en effet consacré sept pages au jeu Red Dead Redemption 2, ainsi qu'une heure de podcast dans son émission «Silence, on joue».

C’est un choix éditorial, cohérent aux yeux du journal, qui n’est aucunement la conséquence d’un accord financier avec l’éditeur du jeu RockStar.

Le 25 octobre, au lendemain de la sortie du jeu,

Libé 

faisait sa «une» sur le jeu vidéo

Red Dead Redemption 2. 

A l’intérieur : deux pages sur le studio américain à l’origine du jeu, RockStar Games, à qui l’on doit aussi la série mondialement connue

Grand Theft Auto

. Et trois pages d’interview avec Dan Houser, la seule interview «au long court» que le cofondateur de RockStar a accordé à la presse française à l’occasion de la sortie de

Red Dead 2

. Celle-ci a été réalisée par Bruno Icher, ancien collaborateur de

Libération

, qui avait déjà interviewé Houser à plusieurs reprises dans le passé. «

Houser a choisi un interlocuteur en France, avec lequel il se sentait à l'aise. Bruno cherchait un journal dans lequel publier cette interview. Il nous a appelé pour nous la proposer

», détaille le service Culture de

Libé

.

«On était depuis longtemps convaincu de l'importance culturelle de ce jeu en particulier, mais ce n'était pas forcément suffisant pour proposer un "évènement" à la direction du journal», complète Erwan Cario, journaliste à Libé. «Avec l'interview de Houser, ça faisait un ensemble éditorialement cohérent». La direction accepte immédiatement l'idée de mettre Red Dead 2 à la une du journal, proposée deux semaines avant la sortie de ce numéro.

«C'est quelque chose qui fait partie de notre identité : un titre très généraliste capable de mettre en avant un jeu vidéo, qui est selon nous un produit culturel à part entière», commente Cario.

De fait, ce n'est pas la première fois que Libé met le jeu vidéo en une. La première, ce fut le 26 juillet 1997, avec Lara Croft, héroïne du jeu Tomb Raider, en… maillot de bain. «Une star virtuelle est née» titrait alors Libé, parlant d'une «Lara Croft bien roulée, intrépide et rusée».

En 2006, ce fut au tour de

Grand Theft Auto IV

, autre création RockStar, de faire la une du journal. «

Le plus grand jeu du monde

» titre alors

Libé

, insistant sur la dimension économique («

le produit culturel le plus vendu au monde

») du jeu.

En 2011, Zelda figure cette fois sur la une du journal, à l’occasion d’une exposition sur les jeux vidéo au Grand Palais, à Paris. Pour la petite anecdote : Mario, autre égérie de Nintendo, a failli aussi figurer en une du journal l’an dernier, à l’occasion de la sortie du dernier épisode sur Nintendo Switch. Mais fut finalement dépassé

K», et la déclassification des dernières archives sur l’assassinat du président américain.

Pour en revenir à Red Dead Redemption 2, la couverture, motivée sur le plan éditorial, n'est assortie d'aucune contrepartie en terme d'achat publicitaire. Libération n'a donc rien négocié avec l'éditeur.

Avant la sortie du jeu, Libé n'avait par ailleurs reçu aucun exemplaire du jeu, contrairement à d'autres médias spécialisés dans les jeux vidéo en France, comme Gameblog, JeuxActu et Jeuxvideo.com, qui ont pu publier leur test le jour de la sortie du jeu. Pourquoi pas les autres ? «Rockstar envoie ces jeux à un nombre de titres très limités, qui ne sont pas reconnus pour être les plus hostiles», explique Cario. De fait, le jeu a été (très très) bien reçu par les trois sites cités ci-dessus, Gameblog lui ayant attribué la note de 10/10, contre 19/20 pour jeuxvideo.com. JeuxActu s'est lui fait remarquer en attribuant au jeu de RockStar de… 21/20.

Pour être tout à fait complet : depuis la sortie du jeu, Libé, comme d'autres médias, a reçu plusieurs exemplaires du jeu (comme cela se pratique habituellement sur la plupart des produits culturels : disques, livres). Erwan Cario et Marius Chapuis ont reçu, chacun, une édition collector du jeu, ainsi que deux exemplaires «presse» du jeu, que les journalistes ont donné à d'autres journalistes de la rédaction (dont deux journalistes de CheckNews, pour être tout à fait transparents).

Le 9 novembre dernier, Libé a finalement publié sa critique du jeu. «On a énormément joué au jeu, a posteriori. Et on pense que c'est un très grand jeu», raconte Cario. Avant de préciser : «Donc on a décidé, en accord avec le service culture, de publier une critique de jeu. Mais ce n'est pas parce qu'on dit qu'un jeu est bon qu'il y a le moindre accord publirédactionnel».

Bien cordialement

Mise à jour du 13 novembre à 16h : ajout de détails concernant l'interview de Houser.