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Le journaliste de Radio France ayant enquêté sur la campagne de Mélenchon a-t-il une société de communication ?

Sylvain Tronchet a été mis en cause à de nombreuses reprises par des militants de La France insoumise et par Jean-Luc Mélenchon lui-même. S'il a bien une société en son nom, c'est pour déclarer les revenus issus de ses cours en école de journalisme.
Jean-Luc Melenchon, président du groupe La France insoumise à l'Assemblée Nationale. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 23 novembre 2018 à 17h34

Question posée par le 05/11/2018

Bonjour,

Nous avons raccourci et reformulé votre question, qui était à l'origine : «Sylvain Tronchet, de la cellule investigation de France Info (en pointe pour les révélations sur la société de com de Sophia Chikirou et sur Mélenchon) a-t-il en parallèle une société de com, et est-il consultant pour des entreprises ou des partis politiques ?»

Posée depuis plusieurs semaines par des militants insoumis, la question est revenue après une intervention, cette semaine, de Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée nationale. A l'occasion d'une prise de parole sur la loi fake news, le leader de La France insoumise a nommément ciblé un journaliste membre de la cellule investigation de Radio France, Sylvain Tronchet, qui a enquêté sur les comptes de campagne du candidat, et notamment sur le rôle de Mediascop, la société de Sophia Chikirou.

A la tribune de l’Assemblée, le leader de La France insoumise a eu ces mots :

«<em>Expliquez-moi voir pourquoi un fonctionnaire du service public de la radio d'État peut prétendre diriger une prétendue cellule d'investigation et être en même temps l'animateur d'une société de communication, ce qui est le cas de M. Sylvain Tronchet</em>».

Avant d'ajouter : «Comment se fait-il que l'on ne saura jamais qui sont les autres clients de cet homme ? Pour qui il travaille ?»

Le journaliste - qui par ailleurs n'est pas directeur de la cellule investigation de Radio France - a, en effet, une société enregistrée à son nom sur le site societe.com. Une société créée en 2011, toujours active à ce jour, et «spécialisée dans le secteur d'activité du conseil en relations publiques».

Pourquoi avoir créé cette société ? Contacté par CheckNews, Tronchet répète ce qu'il avait déjà dit mardi à l'AFP : pour donner des cours en école de journalisme, et déclarer ses revenus en tant qu'autoentrepreneur (ce qu'exigent certaines écoles de journalisme de leurs intervenants).

Pourquoi, dès lors, avoir enregistré cette société dans la catégorie «Conseil en relations publiques et communication», et non «Enseignement supérieur» ? Le journaliste de Radio France assure à CheckNews que c'était une erreur. «J'ai simplement choisi une catégorie qui me faisait tomber dans la bonne catégorie, celle des professions libérales.»

Reste cette question, posée par Mélenchon à l'Assemblée : le journaliste fait-il de la communication à côté de ses activités de journaliste ? Non, affirme Tronchet, excédé par cette polémique. «Je donne des cours, c'est tout. Et ce depuis la création de cette société. Je n'ai jamais fait autre chose.»

Pour prouver sa bonne foi, le journaliste a accepté de nous transmettre ses déclarations trimestrielles, transmises à l’Urssaf ces deux dernières années. Vérification faite auprès de l’école dans laquelle il donne ses cours, les recettes (modiques) déclarées en tant qu’autoentrepreneur, en 2017 et 2018, correspondent aux montants facturés par le journaliste auprès de l’école en question.

En clair, le chiffre d’affaires de sa société provient uniquement de ses cours.

Par ailleurs, voilà plusieurs semaines que certains militants insoumis assurent sur Twitter, photos à l’appui, qu’en 2012, le journaliste avait fait un «ménage» pour le Medef, du nom de ces prestations rémunérés réalisés par des journalistes qui mettent leur notoriété au service d’une marque, pour l’animation de débats en tous genres.

La réalité est bien différente. Première chose, cette prestation n’a pas été rémunérée, comme nous l’a confirmé l’Union des entreprises du Loiret, section régionale du Medef, qui coorganisait cette table ronde avec Com’45, l’association des professionnels de la communication du Loiret. Le thème de cette table ronde, à laquelle participaient des professionnels de la communication, ainsi que plusieurs patrons régionaux (et donc Sylvain Tronchet) : la communication de crise.

Pourquoi avoir accepté d'y participer ? «J'étais journaliste en locale en 2012, pour Radio France à Orléans. Ces gens-là, je les connaissais grâce à mon travail. Et donc, un jour, ils m'ont demandé d'aller intervenir devant des patrons de PME», explique Tronchet.

Ce qu'il a effectivement fait pour rappeler, en conclusion de cette table ronde, que «l'opinion publique est prête à accepter les erreurs et les défaillances mais ne pardonne pas le manque de transparence», comme le souligne le compte rendu de la soirée, toujours visible sur le site de Com'45. Impossible d'affirmer, donc, que le journaliste a été rémunéré par le Medef, dans le cadre d'un ménage.

Bien cordialement