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Qui est Frank Buhler, un des «porte-parole» des gilets jaunes? Est-il un ancien du FN?

Frank Buhler a adhéré à plusieurs formations politiques de droite, y compris au FN, avant de rejoindre le mouvement de Dupont-Aignan.
Franck Buhler, gilet jaune et responsable de Debout la France dans le Tarn-et-Garonne, à Montauban le 21 novembre 2018. (AFP)
publié le 23 novembre 2018 à 16h52

Question posée par Jeanne le 22/11/2018

Bonjour,

Nous avons reformulé votre question pour la raccourcir, la voici en intégralité: «Le gilet jaune Frank Buhler est présenté par les médias comme un simple citoyen. Est ce vrai que c'est un ex-employé FN devenu bras droit de Dupont aignan ? A-t-il eu des propos racistes sur les Asiatiques sur BFMTV présenté par Olivier Truchot ? Pouvez vous donner son cv complet ?»

S'il n'est pas à l'origine du mouvement des gilets jaunes, Frank Buhler fait partie de ceux qui ont rendu viral l'appel à manifester le 17 novembre. Cette vidéo, publiée le 23 octobre, a notamment été partagée plus de 185 000 fois sur Facebook et compte 4,5 millions de vues. Rapidement, sa proximité avec l'extrême droite et son appartenance à Debout la France est dénoncée, et l'argument a été utilisé par les détracteurs du mouvement pour dénoncer sa récupération par l'extrême droite. Contactés par CheckNews, les deux chauffeurs routiers à l'origine du premier appel à bloquer les routes s'étaient alors désolidarisés de Buhler, insistant sur le fait qu'ils ne «cautionnaient pas» ses propos.

Frank Buhler a continué sa mobilisation. Dès le 18 novembre, il relayait l'appel à bloquer Paris le 24 novembre. Cette semaine, on a pu l'entendre aux Grandes Gueules de RMC où il était présenté comme un «l'un des auteurs de l'appel à monter sur Paris». Interrogé sur son appartenance au parti de Nicolas Dupont-Aignan, il rétorque qu'il a lancé son appel «en tant que citoyen. On est tous des citoyens malgré nos idées politiques». Sur Facebook, il annonce qu'il a enregistré l'émission des Terriens du samedi qui sera diffusée samedi. «Malgré la mention faite de mon appartenance politique (que je n'ai jamais cherché à cacher) j'ai réaffirmé que mon engagement de gilet jaune était une démarche personnelle et apolitique».

Passages chez De Villiers, à l’UMP, au FN et chez Dupont-Aignan

Aujourd'hui, il est en effet responsable de circonscription dans le Tarn-et-Garonne dans le parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la France. Comme Libération l'expliquait il y a dix jours, Frank Buhler a rejoint le parti souverainiste en juin dernier, alors qu'il était sous le coup d'une procédure d'exclusion du Front national. Lui assure ne pas savoir pourquoi il faisait l'objet d'une procédure disciplinaire, indiquant avoir démissionné avant de se rendre à la convocation du parti. «J'ai reçu une lettre de Marine Le Pen, qui prenait acte de ma démission à compter du 8 mai et dans le même temps m'annonçait malgré tout mon exclusion le 28 mai», souligne-t-il.

Selon l'antenne locale du parti, Frank Buhler avait déjà été suspendu plusieurs mois auparavant, pour des propos racistes. Lui sont notamment reprochés des tweets où il s'affiche avec le théoricien du grand remplacement Renaud Camus et un tweet où il écrit «les «chiffres arabes» viennent d'Inde ! Ils ont juste été «transportés» en occident par les Arabes. Les Arabes n'ont JAMAIS rien inventé. Problème de QI ?». Il reconnaît aujourd'hui une «maladresse»: «j'aurais dû dire la civilisation arabo-musulmane». La précision a visiblement son importance selon lui. Et assure que c'est à son interlocuteur qu'il reprochait un problème de QI…

Frank Buhler accuse surtout les médias revenant sur son exclusion du FN de faire l'objet d'une «manipulation pilotée par le FN», et accuse à son tour le responsable local du FN, Romain Lopez, d'antisémitisme. On a affaire ici à une querelle locale entre Rassemblement national (RN) et Debout la France, comme le rapportait la Dépêche, mais qui ne justifie en rien les tweets islamophobes réellement commis par Buhler.

Frank Buhler, 53 ans, a démarré son engagement politique en rejoignant le mouvement pour la France de Philippe de Villiers en 1995, où il assure avoir été secrétaire départemental de la Seine-Saint-Denis jusqu'à son déménagement en 1997. Puis, plus rien jusqu'en 2013. Il rejoint alors la section du Tarn-et-Garonne de l'UMP (aujourd'hui Les Républicains) (il se dit proche de la maire de Montauban Brigitte Barèges, qui avait refusé de choisir entre Le Pen et Macron au deuxième tour de la présidentielle) et se présente à cette époque comme représentant de l'UMP dans son canton.

«Au moment des attentats, j'ai trouvé l'UMP beaucoup trop tiède pour dénoncer l'islamisme», poursuit-il pour expliquer pourquoi il a rejoint le FN, qualifiant son expérience au sein du parti de Marine Le Pen comme un «accident de parcours». Au FN, il a alors été responsable cantonal quelques mois.

Cordialement