Sans en être à l'origine, Frank Buhler fait partie de ceux qui ont rendu viral l'appel à manifester le 17 novembre. Très vite, sa proximité avec l'extrême droite et son appartenance à Debout la France ont été dénoncées, et l'argument utilisé par les détracteurs du mouvement des gilets jaunes. Contactés par CheckNews, les deux chauffeurs routiers à l'origine du premier appel à bloquer les routes s'étaient alors désolidarisés de Buhler, insistant sur le fait qu'ils ne «cautionnaient pas» ses propos. Frank Buhler a malgré tout continué sa mobilisation. Dès le dimanche 18 novembre, il relayait l'appel à bloquer Paris ce samedi. Interrogé aux Grandes Gueules de RMC sur son appartenance au parti de Nicolas Dupont-Aignan, il rétorquait avoir lancé son appel «en tant que citoyen». «On est tous des citoyens malgré nos idées politiques». Dès qu'il le peut, il assure que son engagement chez les gilets jaunes est «apolitique» et n'a rien à voir avec Debout la France, qui soutient toutefois le mouvement.
Aujourd'hui, il est responsable de circonscription de Debout la France dans le Tarn-et-Garonne. Comme Libération l'expliquait le 13 novembre , Frank Buhler a rejoint le parti souverainiste en juin dernier, alors qu'il était sous le coup d'une procédure d'exclusion du Front national. Lui répète ne pas connaître l'objet d'éventuelles sanctions, indiquant avoir démissionné en premier. «J'ai reçu une lettre de Marine Le Pen, qui prenait acte de ma démission à compter du 8 mai et dans le même temps m'annonçait malgré tout mon exclusion le 28 mai», souligne-t-il.
Selon l'antenne locale du parti, Frank Buhler avait déjà été suspendu plusieurs mois auparavant pour des propos racistes. Lui sont notamment reprochés des tweets où il s'affiche avec le théoricien du grand remplacement Renaud Camus et où il écrit : «Les "chiffres arabes" viennent d'Inde ! Ils ont juste été "transportés" en Occident par les Arabes. Les Arabes n'ont JAMAIS rien inventé. Problème de QI ?» Il reconnaît aujourd'hui une «maladresse» : «J'aurais dû dire la civilisation arabo-musulmane.» La précision a son importance… Et d'assurer que c'est à son interlocuteur qu'il reprochait un problème de QI.
Le gilet jaune accuse surtout les médias revenant sur son exclusion du Front national de faire l'objet d'une «manipulation pilotée par le FN», et accuse à son tour le responsable local du Rassemblement national (RN), Romain Lopez, d'antisémitisme. Toutefois, cette querelle locale entre RN et Debout la France ne justifie en rien les tweets islamophobes réellement commis par Buhler, où l'islam est notamment qualifié de «peste».
Frank Buhler, 53 ans, a démarré son engagement politique en rejoignant le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers en 1995, où il indique avoir été secrétaire départemental de la Seine-Saint-Denis pendant deux ans. Puis, plus rien jusqu'en 2013. Il rejoint alors la section du Tarn-et-Garonne de l'UMP (aujourd'hui Les Républicains), et se dit proche de la maire de Montauban Brigitte Barèges, qui avait refusé de choisir entre Le Pen et Macron au second tour de la présidentielle. «Au moment des attentats, j'ai trouvé l'UMP beaucoup trop tiède pour dénoncer l'islamisme», poursuit-il afin d'expliquer pourquoi il a rejoint le FN six mois plus tard, qualifiant son expérience au sein du parti de Marine Le Pen d'«accident de parcours». Un accident au cours duquel il aura été quelques mois responsable cantonal, avant de rebondir chez Dupont-Aignan.